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lundi 21 décembre 2015

Le château de l'araignée



1957

Titre original: Kumonosu-jô
Titre francophone: Le château de l'araignée

Cinéaste: Akira Kurosawa
Comédiens: Toshirô Mifune - Takashi Shimura-

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd


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C'est assez rare pour le signaler : ce Kurosawa m'a ennuyé. Je ne sais pas si c'est l'histoire de Macbeth qui m'ennuie ou si c'est le traitement volontiers baroque et théâtral impulsé par la réalisation. D'habitude avec Kurosawa, j'ai les yeux qui brillent, ses films sont tellement bien écrits, si judicieusement balancés, mis en scène à la perfection et les acteurs sont si bouleversants. Cette fois, je ne ressens rien de tout cela.

Commençons par Toshirô Mifune, un de mes acteurs préférés : son personnage est très impulsif. Sans doute pour expliquer sa dépendance, son assujettissement à sa femme. Il est un peu con pour tout dire, si prompt à croire en la prophétie. Je ne lui trouve pas en quelque sorte la subtilité que j'attendais. À part la scène finale où Toshirô Mifune habille son personnage d'une certaine parure furieuse, le comédien ne me séduit pas. Il en découle une déception naturelle.

Quant à Takashi Shimura, comédien que j'aime beaucoup, il passe beaucoup trop vite.

De manière générale, les comédiens ne peuvent mettre en valeur leurs personnages. Cette histoire ne laisse que peu de place à la finesse. Sans doute que le conte moral s'inscrit trop dans la caricature. Les rôles sont alors trop marqués. Les nuances m'échappent en tout cas, ce qui m'empêche de prendre plaisir devant le jeu des acteurs.

Sur l'histoire, l'alternance entre fantastique onirique et fable édifiante sur la pernicieuse vanité de l'âme humaine, sur l'ambition et le prix qu'on est capable de payer pour assouvir ses conquêtes matérielles, de pouvoir, le prix de l'orgueil en somme peut être très lourd. Ici, le sentiment de culpabilité mène vite à la folie, à l'aveuglement. Kurosawa montre cela de façon très limpide.

Néanmoins, l'exercice de style ainsi que le discours de fond m'ont laissé indifférent. Je n'y arrive pas. Le premier visionnage m'avait laissé interloqué. Je pensais avoir raté quelque chose dans la compréhension. En fait, cette revoyure me démontre que c'est un rejet total, qu'en aucun cas il ne s'agit d'une incompréhension. J'en suis maintenant plutôt triste. J'aime tellement Akira Kurosawa que ce rendez-vous manqué me fait un peu de peine. Je n'aime pas ça, comme un amant éconduit.
Trombi:

vendredi 15 mai 2015

Barberousse



1965

Titre original: Akahige
Titre francophone: Barberousse

Cinéaste: Akira Kurosawa
Comédiens: Toshirô MifuneYûzô Kayama

Notice Imdb
Notice SC

Vu en dvd


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Ils sont forts les sagouins ! Mifune et Kurosawa font encore un très grand film! Bien sûr, l'écriture et la mise en scène d'Akira Kurosawa épatent par leur intelligence. Le résultat est formidable, écoutez, il n'y a pas meilleur résumé : formidable !

Encore une fois, Kurosawa propose un film surprenant. Ce coup-ci, ce sont des sketchs finement intégrés à une trame générale : un casse-pipe qui devient sous nos yeux une œuvre magnifique d'équilibre, de grâce, de beauté.

Le fil conducteur est la vie quotidienne au sein d'un hospice pour les pauvres tenu par un médecin charismatique, à la philosophie humaniste et sans concession sur la misère du monde, les inégalités sociales. En entrant dans le détail de ces particuliers avec des personnages, des situations très variés sur lesquels la lumière est posée jusqu'à la résolution de leur problème, la narration aborde de nombreux thèmes et développe ainsi la vision très tolérante du médecin, de la philosophie qu'il entend faire perdurer dans son hôpital. D'une extrême générosité humaine, cette confrontation aux malheurs du temps et à la misère du vieux Tokyo, encore Edo à l'époque, se veut sans doute comme un paradigme, un système pour mieux panser la douleur, mieux en supporter l'absurde constance.

Les différentes vignettes abordent la souffrance, la peur de la mort, la culpabilité, le remord, l'amour, le désir, la fidélité, la folie, l'ambition, l'aveugle jeunesse, la violence, l'extrême pauvreté, la résilience, la compassion et j'en passe! Kurosawa ramasse, emplit sa besace de tant de grands thèmes, on est emporté par ce flot, enthousiasmant, submergeant mais toujours la tête hors de ce magma, car toujours retenu par un fil de lisibilité.

Comment fait-il ? Comment peut-il tenir un récit aussi chargé qu'un fleuve limoneux après de fortes pluies, avec autant de légèreté et d'aisance ? Je suis toujours sidéré par cette magie, cette facilité à rendre digeste l'immensité de l'univers chez Akira Kurosawa !

Et là, on ne parle que de l'écriture scénaristique! Parce qu'en plus le monsieur se pique de picturaliser son film : que ce soit dans la recherche d'un cadrage pertinent ou dans une mise en lumière audacieuse avec des jeux d'ombres compliqués, le travail visuel rapproche le cinéma de la peinture.

Comme de plus, Kurosawa laisse la nature raconter les sentiments des hommes par sa présence envahissante, douce comme les flocons de neige, violente comme les torrents de pluie, la poésie naturelle de l'environnement ajoute ses notes émouvantes.

Entre estampes japonaises et naturalisme, entre Hokusai et Zola, entre nature et société, le film semble s'enticher d'images et d'émotions fortes, vastes, en tous les cas impressionnantes. Symbiose entre fond et forme qui finit par gagner l'enthousiasme : comment ne pas être ravi devant ce travail de funambule ? Kurosawa sur un fil danse avec une agilité incroyable. Plus le temps passe, plus je mesure le génie de cet homme !

Et puis quel bonheur de retrouver l'un des meilleurs comédien de toute l'histoire du cinéma : Toshirô Mifune
n'a peut-être pas là son plus grand rôle, ou disons celui qui met le mieux en valeur ses talents d'acteur. Son personnage est intense toutefois : son exigence morale le sacralise aux yeux de sa communauté. Il ne se laisse pas apprivoiser avec facilité, ce qui permet à Mifune d'appuyer sur un certain aspect comique, dans le bougon du personnage. Quoiqu'il en soit, un peu austère, enfermé dans son intransigeance, le rôle laisse à l'acteur deux ou trois séquences où il peut faire la démonstration de des facilités naturelles d'incarnation.

Et j'en redemande ! Mifune et Kurosawa, j'en veux encore !

Trombi:
Yûzô Kayama:

Kyôko Kagawa:

Miyuki Kuwano:

Reiko Dan:

Tatsuyoshi Ehara:

Yoshitaka Zushi:

Yoshio Tsuchiya:

Tsutomu Yamazaki ? (right droite)

mercredi 31 décembre 2014

Rashômon



1950

Titre original: Rashômon

Cinéaste: Akira Kurosawa
Comédiens: Toshirô Mifune - Machiko Kyô - Takashi Shimura

Notice SC
Notice Imdb

Vu en blu-ray



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Il fait un peu froid dehors, mi-décembre, le grand écran délivre une image superbe. Le canapé a été déplié. Les coussins sont aussi moelleux que chauds et la petite couverture finit d'instaurer un climat propice à siroter la beauté d'un Blu-ray signé monsieur Criterion. Attention, grand spectacle en perspective : maître Kurosawa convoque les mânes du théâtre et de la mythologie.

D'entrée de jeu, la pluie diluvienne essore le décor, de vieux bâtiments délabrés par une guerre et les détails visuels, la richesse qu'offre l'inventivité du cinéaste éclaboussent l'écran. C'est somptueux. C'est le cinéma dans toute sa splendeur ; elle ne se dément jamais.

L'écriture d'un scénario intelligent, un Toshirô Mifune extra-ordinaire, une mise en image grandiose et voici la trilogie gagnante de Rashômon. Les deux premiers sont intimement liés, évidemment.

Cette histoire racontée à trois voix n'est pas seulement ingénieuse : elle fait l'essence ainsi que le suspense du film. Qui faut-il croire? Où est la juste vérité ? Si jamais tous mentent, comment croire en l'humanité ? Sommes-nous tous pourris, corruptibles? Portons-nous une part d'immoralité intrinsèque, consubstantielle, indélébile ? Ces questions ne sont pas posées de manière abrupte mais découlent comme il se doit d'une logique imparable. Le scénario si intelligent qu'il en paraît lumineux est tout d'un bloc évident. C'est naturellement que la réflexion s'impose au spectateur.

D'autant plus que la nature environnante et le caractère "physique", charnel des personnages sont mis en avant pour souligner les enjeux intérieurs qui sont éprouvés par eux. La mise en scène de Kurosawa n'a rien d'évanescente. Elle propose des personnages, une action, un cadre très vivants. La réflexion sur l'animalité, la violence de l'humanité n'est en rien un jeu philosophique, un jeu de la pensée. Au contraire, cette pensée est incarnée, subit la contrainte des corps. La peur, la souffrance, le désir influencent le comportement, les sentiments et jusqu'à la moralité des personnages.

Avec un élément déclencheur ô combien charnel : le brigand Toshirô Mifune est la bête, humaine par dessus tout, paradoxale, un être fruste, désinhibé par sa force, qui désire et obtient ce qu'il veut, s'en réjouit, peu importe les conséquences, les punitions sociales. Il a décidé que sa marginalité lui donnait toute licence. Il est pleinement l'immoralité faite corps, assumée. Et Kurosawa le filme de façon à le montrer le plus effronté possible, le plus sensuel possible. Tout à son aise, transpirant, presque nu, il y a un plan au début du film où il semble tout droit sorti d'une éprouvante baise. Adossé à un arbre, la lumière du soleil joue entre les feuilles des hautes futaies et le brigand se réveille tel un monstre de lubricité antique. Oui voilà, le brigand est un satyre! Rien n'est dit, tout est suggéré par la brillance de la mise en scène. Génial.

Tout comme avec la pluie au tout début, le film raconte la fin du monde et pose les questions que ces périodes eschatologiques engendrent chez les hommes.

Avec le double, voire le triple langage que les divers témoignages livrent d'un même événement, le récit narre la complexité de définir la vérité, l'absolue, celle que tout le monde appelle de ses vœux, mais qui semble très souvent échapper à la connaissance, tant les interprétations et les mensonges viennent en détourner ou détruire l'accès.

Film profond autant qu'esthétique, admirable, Rashômon est un des Kurosawa que je préfère.

Mini trombi:
Machiko Kyô

Takashi Shimura:

Daisuke Katô:

mercredi 10 juillet 2013

Les salauds dorment en paix



1960
Alias: Warui yatsu hodo yoku nemuru
Alias: Les salauds dorment en paix
Alias: The bad sleep well

Cinéaste: Akira Kurosawa
Comédiens: Toshirô Mifune - Masayuki Mori - Kô Nishimura

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd



Akira Kurosawa devait être de mauvais poil quand il a écrit ce scénario. Voilà ce à quoi on pense en voyant le film si l'on va vite. Si l'on réduit la voilure et qu'on prête une légère attention au générique, on aura lu qu'ils s'y sont mis à plusieurs. Œuvre collective, colère plurielle donc, mais le sentiment général est bel et bien là : le film est à charge.

Ils utilisent l'actualité politique de ce pays en train de se libéraliser, avec son cortège de scandales financiers et de corruption, pour raconter une histoire très shakespearienne (on songe évidemment à Hamlet), de vengeance, d'honneur, etc.

Kurosawa aborde ces sujets par le biais du film noir, le genre collant parfaitement à la thématique du cynisme politique. C'était déjà le cas avec Shakespeare et la notion de pouvoir amoral, éloigné des liens traditionnels. Ici s'y ajoutent l'appareil d’État, la bande organisée des hauts fonctionnaires, mais le cynisme y est toujours maitre de cérémonie.

Le sujet se prêterait facilement à la grandiloquence. Kurosawa adopte au contraire un ton volontiers naturaliste, parfois très réaliste également, à d'autres moments romantique en y ajoutant un dilemme cette fois cornélien. Et quelques fois, ses personnages prennent des figures caricaturales, presque grotesques, comme ces masques déformés horrifiques du théâtre japonais, comme si les "salauds" en question étaient des monstres dont l'inhumanité était à ce point hideuse qu'elle les rejetait hors du monde, dans un univers parallèle, onirique, à part, celui des cauchemars, celui de la farce qui tourne mal. Du coup, cela donne au film une multitude de teintes, un film plus dense, plus complexe.

Comme Akira Kurosawa est un génie de l'invention filmique, il parsème son film de scènes d'une grande beauté lyrique, ou bien propose des cadrages remarquablement parlants, offrant des significations doubles, symboliques, approfondissant encore si c'est possible la lecture que l'on en fait. Cette richesse perpétuelle n'est pas une nouveauté. Kurosawa proposait toujours quelque chose d'étonnant. Sa mise en scène est d'une fluidité, d'une évidence qu'on croirait tellement simple de prime abord et qui, bien entendu, révèle une incroyable maitrise de son art, de sa narration, de son cadre et de ses acteurs. C'est tellement bien pensé, joué et filmé qu'on ne peut qu'être admiratif.

Et pourtant, ce n'est sans doute pas l'un de mes Kurosawa préférés, mais je suis sûr que je le reverrai avec plaisir et que de cette future relecture naitra une vision plus complète, fixant sans doute avec plus d'efficacité ce qui m'a sûrement échappé cette fois-ci.

S'il est un élément que je capte en premier lieu, c'est bien le jeu des acteurs. Et avec Toshirô Mifune,
comme on a affaire à un des meilleurs acteurs du cinéma mondial, il est très facile de prendre un plaisir fou à le voir évoluer. La simplicité de son jeu n'a d'égale que la précision de ses expressions.
Il est cette fois entouré de gueules phénoménales, sensées figurer les monstres de cynisme ou de veulerie.


Certains comme Masayuki Mori (qui a fait un énorme travail dans le grimage et les mimiques) sont à la limite de l’expressionnisme "cartoon".

Kô Nishimura a un rôle compliqué à jouer de simplet qui finit par devenir fou. A un certain moment, son visage halluciné est prêt de placer le film sur une échelle proche du fantastique, presque de l'épouvante. Gros travail physique et entendu visuel.

On ne doit pas oublier la maitrise technique et artistique du noir & blanc de la part de Yuzuru Aizawa. Le directeur photographique rappelle sans cesse au spectateur qu'il est devant un film de genre, un film noir pur jus, dont la beauté formelle est un des garants de qualité pour la narration.

Je préfère peut-être "Chien enragé" et "Entre le ciel et l'enfer", deux autres films noirs importants du maître, cependant ce film prouve à bien des égards qu'il est très abouti, riche de sens et je le reverrai sûrement pour mieux l'apprivoiser.

Trombi:
Kyôko Kagawa: (droite)
Tatsuya Mihashi: (droite)

Takashi Shimura: (centre)
Kamatari Fujiwara:

Gen Shimizu:

Kyû Sazanka (gauche)? et Senshô Matsumoto (droite)???

Natsuko Kahara?

Kunie Tanaka: