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mercredi 4 novembre 2009

La femme aux cheveux rouges



1979

Titre original : Akai kami no onna
Titre francophone : La femme aux cheveux rouges
English title : The woman with red hair

Cinéaste: Tatsumi Kumashiro
Comédiens: Junko Miyashita - Renji Ishibashi - Moeko Ezawa - Ako

Notice Imdb

Vu en dvd


La femme aux cheveux rouges est dans une certaine mesure une déception. Des opinions positives aperçues m'ont un peu sur-vendu cette production. J'espérais entrer avec délectation dans l'univers d'un cinéaste que je ne connaissais pas. Or, si j'ai apprécié les comédiens, surtout Junko Miyashita (l'Abe Sada de Tanaka, magnifique aussi dans Bondage du même auteur)

et certaines compositions de plans,

je n'ai pas réussi à adhérer au propos, à l'histoire ni aux personnages que dans l'ensemble je n'ai pas bien saisis. Les tours et détours du récit m'ont surpris sans que je puisse les comprendre, engendrant au final une petite frustration. Il m'a été difficile, pour ne pas dire impossible, de croire littéralement en cette histoire d'amour qui ne s'oriente qu'exclusivement dans les relations sexuelles. Je sais bien qu'il s'agit d'un pinku et que par définition, il se doit de tourner autour de la sexualité, ce n'est bien évidemment pas le problème, c'est plutôt que la justification sur le plan scénaristique me semble un peu simpliste, manquant de finesse dans l'écriture. A moins que le scénario aborde là des points très particuliers de la culture nippone et qui échappent complètement à l'occidental que je suis.

Toujours est-il que le cas d'auto-dépendance des deux personnages se mûrit dans des circonstances plutôt inhabituelles et se nourrit d'une certaine violence que j'ai bien des difficultés à entendre.

Ajoutez à cela une copie très médiocre et voilà de quoi expliquer mon enthousiasme frileux.

Heureusement je reconnais que la prestation des acteurs m'a bien plu. Notamment, à l'évidence, la belle Junko Miyashita, encore une fois peu avare dans la démonstration de ses talents dès qu'il s'agit d'incarner un personnage un peu branque, ici en malade nymphomane.

Son partenaire Renji Ishibashi, déjà vu dans The watcher in the Attic de Tanaka, est pas mal non plus.

Et puis on a droit à une apparition remarquable de Hatsuo Yamaya un acteur très intrigant (Bondage de Tanaka).

Cependant, ce qui m'a le plus troublé, dans le bon sens du terme, c'est cette omniprésence de la pluie, jusque dans l'environnement sonore, toujours résonnante, elle entoure les personnages. Un film liquide, sans que je n'en comprenne le sens, là non plus.

dimanche 28 juin 2009

La véritable histoire d'Abe Sada



1975
Titre original : Jitsuroku Abe Sada
alias : La Véritable histoire d'Abe Sada
alias : A Woman Called Sada Abe

Cinéaste: Noboru Tanaka
Comédiens: Junko Miyashita - Genshu Hanayagi - Yoshie Kitsuda - Hideaki Esumi
Vu en dvd




Aïe. Je ne sais plus dans quelle mesure le fait d''avoir vu et aimé L'empire des sens d'Oshima qui raconte à peu près la même histoire a pu jouer dans l'état attentiste dans lequel je suis resté tout le long du film, espérant cet élan d'enthousiasme qui m'a submergé sur Marché sexuel des filles ou Bondage et qui n'est ici jamais vraiment venu.
Sur le plan esthétique par exemple, les plans et les cadrages intéressants, beaux ou futés, se font rares. La réalisation parait plus sage, plus classique.



Heureusement Tanaka met en scène une actrice de tempérament et de talent indéniables. Junko Miyashita confirme tout le bien que je pensais d'elle depuis que je l'ai "découverte" dans Bondage. D'ailleurs on notera la proximité des deux personnages qu'elle y incarne : une femme très amoureuse, passionnée, au-delà de la raison. On retrouve ce regard perdu ou apeuré par tant de folie qui se déchaîne en elle. Cette actrice est choucardement bien filmée. Ce sont à peu près les seuls séquences qui rappellent que Tanaka est derrière la caméra, qu'il aime filmer les visages et expressions de ses personnages.


Il y a même un plan avec ses fameux changements de lumières et couleurs, un procédé particulièrement tanakien, où l'on voit le front de Junko s'illuminer de réverbérations aquatiques après qu'elle eut émasculé son homme.

Un film qui vaut essentiellement d'être vu pour Junko Miyashita mais qui se prend une méchante droite par la version d'Oshima.


mercredi 27 mai 2009

Bondage



1977

Titre original: Hakkinbon bijin ranbu yori: semeru!
alias : Beauty's Exotic Dance: Torture!
alias : Bondage

Cinéaste: Noboru Tanaka
Comédiens: Junko Miyashita - Hiroshi Cho - Maya Kudou - Hatsuo Yamaya
Vu en dvd

Encore un sublime travail de Tanaka, un film riche avec un personnage central, Taé (jouée par l'impressionnante Junko Miyashita), qui fait immanquablement penser à Sada Abe, personnage récurrent ou marquant en tout cas dans l'érotisme japonais contemporain (L'empire des sens, Sada), avec cette dépendance physico-psychique, élaborant un amour absolu et destructeur. Je schématise évidemment car c'est autrement plus complexe. Taé devient folle au coeur d'un ébat mais contrairement aux apparences dans lesquelles sa mère (Sumiko Minami) se fourvoie un temps, Seiuo (étrange Hatsuo Yamaya), l'artiste à qui elle se donne et leur pratique du bondage ne sont pas responsables de cette perte de raison. Au contraire, c'est au cours de séances de supplice qu'elle parvient à recouvrir un peu de raison.

Les changements qui s'opèrent entre les personnages sont un des atouts du scénario d'Akio Ido. Admirablement décrits et interprétés par un trio d'acteurs assez remarquables.
Sumiko Minami, la mère, est un peu en retrait mais son rôle prend sa juste mesure dans la dernière partie du film ; il représente d'abord la société, le regard moralisateur, le sens commun, la bonne conscience, la famille qui abhorrent ce genre de pratique douteuse. Face à la maladie de sa fille, on voit bien les petits arrangements avec la morale qu'elle aménage, moins par pragmatisme que par sentiment de culpabilité.
Et puis nous avons les deux personnages principaux. Lui, Hatsuo Yamaya, impose une masse à son personnage d'artiste peintre, photographe, masse qui transparaît même dans la forme de son visage. Quelque chose proche de la sérénité parait amenuisé par un trouble indéfini. Son regard d'abord comme inconséquent se remplit peu à peu de sentiments nouveaux. C'est subtilement joué. Je ne connaissais pas cet acteur ; je trouve son jeu très riche et juste.

Je ne connaissais pas non plus Junko Miyashita. Il serait aisé de gloser à n'en plus finir sur la finesse de ses traits. Du reste, Tanaka passe son film à la filmer amoureusement, au plus près. Mille gros plans sur son visage, certains même cadrés sur ses yeux. A se demander si le personnage de Seuio n'est pas Tanaka lui même.

Au delà de l'évolution de leur relation, le film utilise la culture du bondage pour avancer son propos. L'idée mise en exergue pour ce film est que l'objectif de cette pratique est pour l'homme de faire naître et savourer les différentes expressions du visage féminin qui passe par diverses épreuves physiques. Cela pourrait se traduire par une sorte de quête de l'infini en quelque sorte, tant les femmes sont prodigieuses de courage, de diversité et de surprises. L'artiste Seuio est totalement subjugué, obsédé par ces instants d'éternité qu'il produit sur le visage de sa ligotée.

Effectivement comme dans Marché sexuel, Tanaka passe son temps à scruter le visage de Junko, à le filmer sous tous les angles, toutes les couleurs. Il joue encore une fois avec les variations chromatiques et se focalise sur le regard et ses variations, expressions de peur, de ferveur, de folie, de plaisir, d'amour, de souffrance, etc.

Il fallait à Tanaka s'adjoindre une actrice étonnante de maîtrise, sur le plan du jeu classique d'abord mais également capable de supporter les supplices réels.

Si je ne le préfère pas à Marché sexuel qui me parait plus dense et avec lequel j'ai découvert ce cinéaste, ce Bondage est esthétiquement superbe et propose une histoire fascinante, douée de personnages plus riches qu'ils n'en ont l'air de prime abord. Là encore, un film érotique qui cache un peu son jeu plus profond.

vendredi 1 mai 2009

La maison des perversités



1976

Titre original : Edogawa rampo ryoki-kan : yaneura no sanpo sha
Titre anglophone : The watcher in the attic
Titre francophone : La maison des perversités

Cinéaste : Noboru Tanaka
Comédiens : Junko Miyashita - Renji Ishibashi - Toshihiko Oda - Hiroshi Cho

Vu en dvd


Mon deuxième Tanaka. Moins vibrant. Moins intéressant. Mon premier était le stupéfiant Marché sexuel aux filles. Je me rends compte des similitudes notamment sur l'espèce de liberté qu'il prend avec son scénariste Akio Ido à donner un ton volontiers surréaliste, dans ces deux films en tout cas. C'est une idée qui m'a passé par la tête plusieurs fois pendant le visionnage. Vraiment étonnant. Le récit est d'apparence très réaliste, linéaire, mais subit un traitement frappadingue. Voilà ma pensée précisée.

Quoiqu'il en soit, ce fourmillement d'idées loufoques, fantaisistes, débordant largement sur le symbolisme, ce qui d'habitude suscite en moi quelques réticences, a ici des effets salvateurs. Je ne suis pas sûr que le film m'aurait plu sans cela.
Quoique... j'ai bien aimé également l'usage du cinémascope, la recherche de cadres picturaux et les jeux sur la lumière. Encore ce fameux procédé où l'angle de projection et l'intensité de la lumière changent pendant la séquence, jouant un rôle narratif de première importance.


Je pense aussi à cette fascination chez le personnage du voyeur pour la lumière et les jeux de fumée, d'ombres.

Et toujours cette poésie qui se dégage du rythme, des prises de vues, de la forme, de cette douceur dans le récit.

Chez Powell, ce qui hypnotise et emprisonne le voyeur c'est la captation "entomologiste" de la lumière, c'est la caméra qui focalise l'attention du voyeur, l'essence même du voyeurisme. Alors qu'ici c'est plutôt le lieu, au-dessus des hommes et des femmes, le grenier dans lequel le voyeur se sent tout puissant, protégé. D'ailleurs dès qu'il s'essaie à rejoindre le commun des mortels, il perd de son pouvoir, il est rejeté. Il ne parvient pas à être Pierrot. Sa Colombine, il ne peut l'atteindre que d'abord dans la relation voyeur/exhibitionniste, puis dans le crime, complicité morbide, entre éros et thanatos, toujours cette rengaine.... le terme n'est pas des plus élégants, disons antienne que l'on retrouve dans nombre d'œuvres érotiques décrivant les liens sadiens qui unissent violence et sexualité. Le film n'en fait pas l'apologie comme certains "romans porno" mais ne condamne pas pour autant ces liens non plus. Ce qui est certain, c'est que Tanaka nous dessine une trajectoire romantique à la Bonnie & Clyde qui lui permet de fustiger l'hypocrisie sociale (mari, domestique, prêtre catho) des institutions, des hiérarchies qu'imposent l'argent, les classifications sociales et religieuses, bref, tous les outils que les humains ont inventé pour oublier leur peur de mourir.

C'est un film désenchanté où l'amour est perverti. Les hommes et les femmes sont seuls face à leurs angoisses. Il n'y a guère que chez le couple criminel qui se forme sous nos yeux que se crée une réelle entente, une symbiose harmonieuse, un lien d'interdépendances unique et puissant.

Les deux acteurs principaux, elle, Junko Miyashita

et lui, Renji Ishibashi,

nous proposent des prestations fort convenables, sans être exceptionnelles.
Les scènes érotiques sont filmées de manière raffinée et même édulcorées. Tanaka filme essentiellement les jeux de regards.

Un film érotique noir en somme.

vendredi 3 avril 2009

Maruhi - Shikijo mesu ichiba



1974
Titre  : Le marché sexuel des filles
Titre : Secret Chronicle: She Beast Market
Titre:  (Maruhi) shikijô mesu ichiba

CinéasteNoboru Tanaka
ComédiensMeika Seri - Junko Miyashita - Moeko Ezawa - Genshû Hanayagi

Notice Imdb

Vu en dvd



Hmmm quel plaisir de découvrir un cinéaste, de se dire qu'on a là trouvé un film prometteur de bons films à venir!

Le genre érotique, obéissant aveuglément la plupart du temps à des canons, à des procédures qui limitent les possibilités d'évasion, est bien un terrain de jeux cinématographiques qui donne que de trop rares grands metteurs en scène. M'enfin je concède volontiers que ma culture cinéphilo-érotique est encore balbutiante. J'aurais bien du mal à citer de grands cinéastes de l'érotisme. Maintenant, si les prochains films de Noboru Tanaka que je ne vais pas manquer de traquer continuent de faire naître cet enthousiasme gourmand, je pourrais doctement le mettre sur ce piédestal.

Quelques captures d'écran montrant un noir et blanc cinémascopé, de jolis et propres cadrages avaient suscité ma curiosité. La lecture de ce film n'a eu de cesse (non, merde, sauf sur les 10 dernières minutes) de me surprendre, avec bonheur s'entend. Si ce n'était ces dernières instants qui détruisent l'échafaudage de sens que le film avait élaboré en moi jusque là, j'aurais hurlé tout haut au chef-d'oeuvre. Sérieux. Ou pas loin.

D'abord, je n'ai pas à ma connaissance déjà vu un film qui allie aussi frontalement érotisme et drame social. A telle enseigne que je pense qu'on peut s'interroger sur la notion d'érotisme sur ce film et de ses définitions entre la France et le Japon. Impression de grand fossé.
Décrivant des personnages et des situations si glauques, le film ne déclenche pas l'émoi sexuel, n'émoustille pas trop l'occidental que je suis. Je pointe la culture car je me demande si ce n'est pas là la question centrale. On peut s'interroger sur l'érotisme du film.

Je m'explique en racontant un peu l'histoire. Je crois que c'est nécessaire et vais spoiler un peu. Difficile de passer outre cet inconvénient, désolé, pour rechercher la particularité intrinsèque de ce film, de cet érotisme là.

L'histoire se déroule dans un quartier à putes de Tokyo, Kagoshima, il me semble. Et l'on suit le personnage incarné par la puissante Meika Seri. Tomé, une jeune femme a un visage un peu acnéique ou bien victime de la petite vérole. Elle est encore très jeune, plutôt belle et navigue dans ces bas-fonds entre immondices et macs, nettoyeurs de capotes et terrains vagues.

Elle trouve encore le temps et l'envie de faire tournoyer sa robe en souriant. Quelques étincelles viennent faire briller ses yeux. D'abord son frère, un handicapé mental avec qui elle noue une relation incestueuse et indispensable comme on s'accroche à une bouée de sauvetage. Son frère est le seul sourire, le seul amour véritable et inconditionnel que l'existence a bien voulu lui donner.

Au contraire, sa mère, une vieille pute finissante, sur le point d'être abandonnée par son unique client fétiche, se noie dans une dépendance aux hommes et à l'argent qui l'empêche d'être mère. Étouffée par sa peur de perdre ses moyens de subsistance, sa fille et son client sont les seuls objets de considération à l'heure d'accrocher ici ou là quelques yen.


Tomé, consciente de son pouvoir de séduction et de sa jeunesse tient elle aussi à l'argent mais pas à n'importe quel prix. Sa liberté est encore fondamentale. Qu'un client s'abaisse à lui mettre une bouteille dans la choupinette et le goujat est vite rabroué à coups de savates. Qu'un maquereau s'avise de lui mettre le grappin dessus et ce n'est que dédain et insultes qu'il récolte. Elle préfère même subir une méchante bastonnade que se plier à la volonté du barbeau.

On a donc là un personnage qui sort de l'ordinaire, une combattante, une sorte de féministe même. J'exagère un peu diront certains, m'enfin, j'ai vraiment le sentiment que Tomé, oui, est une féministe, qui se prostitue parce qu'elle n'a pas le choix. Sans militer, dans ses actes et ses réactions, elle affiche un féminisme forcené, jusqu'au-boutiste, une farouche résistance à la dépendance des hommes et des sentiments. Seul l'argent parvient à exercer une puissante influence sur sa vie. Et si les seuls éléments irrémédiablement incontournables que le cinéaste désirait afficher comme les seules valeurs sûres, impartiales et fidèles étaient l'argent et l'amour? L'argent en vecteur indépendant de toute volonté humaine, outil obligatoire, sans jugement et qui s'applique à tous, quelque soit l'âge ou le sexe.

Et l'amour filial car bien qu'il soit son frère, Tomé le considère bien plus comme son enfant d'abord puis progressivement par le biais de leurs corps comme un amant. C'est grâce à cette relation sexuelle incestueuse qu'elle retrouve un sens à sa vie, et les couleurs qui vont avec. Encore que... le spectacle de sa mère aux prises d'une part avec son logeur qui l'a fout dehors et d'autre part avec les douleurs et les vomissements de l'enfantement, bouleverse Tomé, lui faisant prendre enfin conscience que son frère et elle sont des enfants de pute, nés entre deux passes ou deux cellules de prison, lui révélant le lien indéfectible entre leur existence et la relation sexuelle tarifée. "C'est sûrement comme ça que mon frère et moi sommes nés" ou une phrase dans ce style résonne dans sa tête pendant qu'elle se fait sauter.


Hé oui, je vous avais prévenu que cette histoire est bien glauque. On dirait presque un mélange de Mizoguchi (Rue de la honte et Femmes de la nuit) et Serge Leroy. Car si le décor est immoral, que les personnages sont perdus, le cinéaste n'oublie jamais qu'il a une caméra entre les mains et que la production attend un film érotique. Le billet à la main, Tomé se fait trombiner devant son frère, la mère itou.


Une novice, progressivement, dans un cheminement tout personnel et bien étrange, que j'ai beaucoup de mal à éclairer, entre également dans la prostitution, agrémentant le film d'autres scènes de baise. Elle est d'abord en couple avec un jeune homme, ils traînent dans la rue.

On la voit demander à Tomé si c'est bien un quartier du sexe marchand. Devant l'affirmative, elle dit mieux comprendre. Soit. Le couple est approché par le mac qui se rabat sur elle après avoir échoué à convaincre Tomé et l'avoir tabassée. Seulement la novice, humiliée et violentée, parait prendre son pied à cette relation masochiste,



sauf quand le barbillon se met en tête d'humilier également son petit copain en lui vendant une poupée gonflable percée. J'ai bien du mal à trouver une signification à cette partie du film, qui me parait anecdotique. Au mieux, elle illustre le cynisme monstrueux du souteneur et des hommes en général?

Dans la galerie des personnages qui entourent Tomé, on a également une autre figure mâle, mystérieuse celle-ci, une sorte de personnage spectral, un peu voyeur, toujours très doux, avec un visage interrogateur, une écoute attentive et bienveillante. Il s'agit d'un jeune homme qui apparaît et disparaît, qui attire délicatement Tomé. Il arbore un visage accueillant. Le seul. Ils tapent facilement la causette. Aussi apparaît-il très vite comme un petit ami potentiel, un prince charmant en puissance. Alors, le petit prince va-t-il sauver la princesse de la rue? Représente-t-il le salut, une échappatoire, l'amour sentimental pour Tomé? Cliché, facilité dans lesquels Noboru Tanaka ne sombre pas, bien heureusement.
Sans avoir consommé, ni même avoir entamé une quelconque idylle, ils se séparent, il disparaît.


L'autre aspect du film qui tourne autour des personnages est bien entendu Thanatos. Mais la mort est concrète pour les uns ou ombre pour les autres. Si bien qu'on peut se demander si le monde décrit et les personnages inclus ne sont pas déjà morts. Un film érotique d'une noirceur fascinante.

Ce qui est le plus extraordinaire, c'est que cette histoire et tout ce qu'elle implique dans la symbolique, dans la morale ou philosophie de vie est remarquablement bien filmé. J'ai même été estomaqué par la scène de baise entre Tomé et son frère, séquence qui se joue des lumières, des expositions et des éclairages de manière absolument fabuleuse, magique même, je n'hésite pas à le dire. C'est vraiment dommage, finalement, que le film continue ensuite en couleurs. Cette scène est tellement belle que j'aurais voulu que le film s’arrêtât là. C'eut été sublime. Tsss. D'autant que l'histoire semblait devoir s'arrêter là. Les digressions suivantes annihilent presque la poésie baudelairienne du film.


Je retiens avant tout, que tout en décrivant un monde particulièrement violent et injuste, où les corps se vendent et s'humilient, le propos sépare très justement l'immoralité de la pauvreté (le fait que ce soit immoral que des gens souffrent à ce point et non le fait qu'ils soient eux-même immoraux, entendons-nous bien!) et la sexualité en tant que mécanique de plaisir ou non. Je ne suis pas certain d'être bien clair. Disons plus simplement que j'ai été agréablement charmé de découvrir que le film ne fustigeait pas la sexualité mais bien la situation et la souffrance des hommes et des femmes. Il n'y a jamais de jugement moral, de doigt pointé, de tonnerre dans le ciel. La sexualité n'est jamais triste, alors que les hommes et les femmes le sont. Cette nuance est à mon avis quelque chose de très difficile à restituer. Surtout dans notre culture chrétienne fondée sur l'idée que le corps est impur. Mais là, je m'avance bien loin. Dans quelle mesure ne l'est-il pas également au Japon. Je ne sais pas. Je m'interroge.

Tanaka surprend dans le fond avec cette alliance de sexe et de mort pour un film érotique au départ, a priori ordinaire mais également dans la forme avec des cadrages ingénieux, précis et parfois de toute beauté. Les jeux sur les couleurs, le noir et blanc et les contrastes de luminosité m'ont complètement mis sur le cul parfois.

Pas l'habitude de voir une telle sensibilité artistique et une telle approche technique déployées pour un film érotique. Je commence à croire que le genre n'est (ou n'était) pas sous-estimé au Japon comme ici. Décidément, le ciné nippon n'a pas fini de me cueillir.

Noboru Tanaka... c'est noté.