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mercredi 9 novembre 2016

Le mauvais chemin



1961

Titre original: La viaccia
Titre francophone : Le mauvais chemin

Cinéaste: Mauro Bolognini
Comédiens: Jean-Paul Belmondo - Claudia Cardinale - Pietro Germi

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle

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En ce qui me concerne, c’est l’avant dernier film de Bolognini que je vois dans cette rétrospective du cinemed 2016. Après avoir vu “Les amoureux”, “Les garçons” et “Quand la chair succombe” et avant “Une fille formidable”, ce “Mauvais chemin” constitue le clou de cette rétro selon moi, le film que je ne voulais manquer sous aucun prétexte. Le rendez-vous avec Claudia Cardinale et Jean-Paul Belmondo était déjà marqué d’une pierre blanche avant même le début des hostilités, à la parution du programme.

Et quand on se fait d’un film une aussi grande montagne, le risque d’être désappointé est tout aussi grand. Dans une certaine mesure, je suis en effet un peu déçu. Je n’ai pas eu le sentiment de voir un très grand film. Je n’ai pas reçu une nouvelle claque, comme ce fut le cas avec “Le bel Antonio”, ni sur le plan formel, ni sur le fond.

Je l’ai vu il y a déjà quelques jours et j’espérais que le temps faisant son oeuvre, j’aurais une meilleure idée de la relation très compliquée que nouent Claudia Cardinale
 et Jean-Paul Belmondo.
 En fait, je la situe mal. Comme souvent avec Mauro Bolognini, la couche de vernis social ou moral qui recouvre les comportements et l’expression amoureuse des personnages est très épaisse. Parfois, comme ici, elle forme une sorte de carapace qui a bien du mal à livrer la vérité des sentiments.

Surtout, l’habillage scénaristique, notamment la relation tout aussi opaque entre le père (Pietro Germi)
 et le fils (Jean-Paul Belmondo) ajoute à ma confusion. Je n’arrive pas à comprendre, à justifier que l’on s’y attarde autant pour donner du sens à l’histoire sentimentale du couple Belmondo/Cardinale.

Bref, il y a beaucoup d’éléments qui semblent m’échapper dans le détail. Ce que je retiens avant tout, c’est le jeu très fin et puissant de la jeune Claudia Cardinale.
Elle m’a sidéré. Jean-Paul Belmondo est plus en retrait, dans la contention, si je puis dire, une cocotte minute. A cet exercice, l’acteur n’est pas mauvais. Pietro Germi

évolue dans le même registre. Ce sont des paysans, des taiseux. Normal qu’ils soient à l’économie. Logique.

J’ai apprécié le très beau travail de reconstitution historique, le tableau descriptif de la vie quotidienne d’un bordel fin XIXe siècle, le portrait acide de la paysannerie avec ses petites histoires crapoteuses, sordides autour de ses morts et de l’argent. Tout cela est dépeint avec rigueur. La photographie de Leonida Barboni est plutôt belle. Même si la copie visionnée n’était pas géniale, elle donnait un aperçu fort plaisant.

Me voilà au final décontenancé, un peu assis au bord du chemin et attendant toujours ce satané bus qui ne vient pas.

lundi 31 octobre 2016

Quand la chair succombe



1962

Titre original: Senilità
Titre francophone débile : Quand la chair succombe

Cinéaste: Mauro Bolognini
Comédiens: Anthony Franciosa - Claudia Cardinale - Betsy Blair

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle

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Après avoir vu au cinemed “Les amoureux” et “Les garçons”, des films que l’on peut qualifier de lumineux, du moins au niveau photographique, me voilà devant un film beaucoup plus sombre de Mauro Bolognini.

D’abord la copie est très abîmée, les sous-titres anciens blancs se délitent et surtout l’histoire se déroule dans une atmosphère très éloignée de la Rome ensoleillée. Nous sommes à Trieste, sous la pluie et le vent, dans une Italie du Nord qui encore relativement récemment était autrichienne.

J’ai eu beaucoup plus de mal avec ce film qu’avec les deux précédemment cités. Pas pour des raisons météorologiques bien entendu, mais bien plutôt à cause du personnage central, plus précisément de sa trajectoire affective qui m’a fatigué. Je supporte peu les héros qui s’apitoient ainsi sur leur sort. Or, c’est toute la thématique du film : un homme (Anthony Franciosa)
 plutôt conservateur tombe amoureux d’une jeune femme (Claudia Cardinale)
 qu’il s’imagine angélique, mais qui se révèle être très libérée, à la limite d’être une pute même. Ce qui pose problème, je trouve. Ce manque de clarté à ce sujet provoque une ambiguïté malsaine, qui sous-entend qu’une femme libérée est plus ou moins une pute. Cicéron nous tape sur l’épaule et nous susurre “O tempora, o mores”. Certes, il convient de garder en tête le contexte de l’époque, néanmoins le regard porté sur cette jeune femme et la relation qu’elle noue avec le héros semble un brin condescendant d’abord, puis finalement misogyne.

Mais c’est le regard adopté par le héros lui même. Cela fait partie de cette orientation majeure que prend le film en dépeignant cette déchéance morale à laquelle il se livre. Un homme coincé dans une morale qui le décentre de la réalité. Il n‘est pas foutu de voir en cette femme ce qu’elle est vraiment et en construit une image erronée. Quand il se rend compte de son propre fourvoiement, il est déjà trop tard, il est passionnément amoureux et n‘est plus capable de se raisonner. Affectivement, il est aliéné à ces sentiments et ce fantasme modelé au départ, incapable de s’en défaire. Trop immature, il ne peut rompre avec cet idéal.

Il n’est pas plus capable de considérer sa sœur (Betsy Blair)
 comme une femme. Il la maintient sous sa coupe, la sur-protégeant ; il lui interdit de flirter avec son meilleur ami Stefano (Philippe Leroy). Par conséquent, il la tue à petit feu. La frustration naît de cette cohabitation dysfonctionnelle. L’austérité, la froideur, la stricte architecture de Trieste en hiver sont des parures très évocatrices du carcan dans lequel vivent cet homme et sa sœur.

Ce qui est formidable dans ce film reste la capacité de Mauro Bolognini et de ses deux co-scénaristes à ne pas non plus faire peser sur le personnage un jugement trop moral. Bien sûr, le récit plein de justesse maintient un certain équilibre entre les faits et l’opinion que l’on peut s’en faire. Il n’élude pas la part de responsabilité morale du héros, mais ne la fustige pas  non plus. Le film montre l’évolution auto-destructrice d’un homme qui croit bien faire, pris à son propre piège.

Malheureusement, à titre personnel, j’ai peine à entrer en empathie pour ce genre de personnage. Il m’irrite même. Et sa déchéance ne réussit pas non plus à me toucher plus que ça. J’ai bien aimé l’idée d’ensemble, ainsi que la toute fin de cette fable, cependant les détails du voyage m’ont paru par moments bien longuets, difficiles à endurer. Je comprends toutefois ceux qui accrochent à ce genre de drame moral. Il y a un aspect “romantique noir” très puissant qui peut plaire.

Les garçons



1959

Titre original : La notte brava
Titre francophone : Les garçons

Cinéaste: Mauro Bolognini
Comédiens: Elsa Martinelli - Laurent Terzieff - Jean-Claude Brialy - Franco Interlenghi - Mylène Demongeot

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle

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Ah, nom d'une pipe de chameau vermoulu !
Quel casting! TerzieffBrialyLualdiSchiaffinoFerreroMartinelliInterlenghiDemongeotMilianPasolini et Bolognini ! L'association des deux derniers pique ma curiosité. A la fin, je suis troublé. Le fond est nettement pasolinien, alors que dans l'esthétique est carrément bologninienne. L'alliage reste incertain selon moi. J’aime bien le film pour ces deux aspects divergents, en aucun cas pour leur combinaison. Comprenez ?

D’un côté, on a un scénario tellement pasolinien, très critique à l'égard de la jeunesse, surtout de la façon dont la société livre ces jeunes à eux-mêmes leur laissant pour seul horizon l’argent. Ces gamins sont comme des enfants essayant d’attraper la queue de Mickey. Ils sont prêts à toutes les bassesses pour y arriver, à toutes les trahisons, toutes les violences. L’objectif n’est pas tant de manger (ils y parviennent toujours) mais de brûler la chandelle par les deux bouts, comme les riches. Les rapports sociaux sont pervertis par cet argent. Riches ou pauvres sont victimes de ces rapports tronqués. Très pasolinien. On est devant le feu sacré de la jeunesse, la nécessité de vivre pleinement, de prendre du plaisir avant tout, et ce, contre le sort, contre les autres. Très très pasolinien.

D’un autre côté, on a une image très lisse, très belle. Que du beau gosse et de la belle donna. Au grand dam de Pasolini qui avait rêvé de Citti à la place de Terzieff par exemple et de tout un casting de comédiens amateurs. Sur l’esthétique du film, la patte bologninienne est évidente. Les plans sont magnifiques, pensés, cadrés au cordeau. Il sait attraper la lumière. Rome y pourvoit à foison : à Fumicino comme dans les thermes de Caracalla, le soleil fait resplendir les visages.

A mon goût, à ce jeu là, les deux gagnants sont Laurent Terzieff et Elsa Martinelli.
 La sublime italienne a une peau si blanche qu’elle capte ici l’attention avec aisance alors que Laurent Terzieff
 de manière plus animale, plus féline est l’axe majeur de la troupe. Je n’ai jamais captivé par cet acteur que j’ai trouvé trop rigide, figé et parfois même comme artificiel. Or, ici, c’est l’exact contraire : il donne à son rôle une incarnation, une fougue à la fois virile et émouvante, fragile, enfantine. Son jeu est remarquable de finesse. Très impressionnant.

Antonella Lualdi surprend. Dans ce film, elle fait preuve de caractère, d’agressivité. Aux antipodes de la douce donzelle des “Amoureux”.

J’ai beaucoup aimé Franco Interlenghi, encore une fois. Je viens de le voir et l’apprécier dans “Les amoureux” grâce à cette rétrospective Mauro Bolognini du Cinemed 2016. Il est encore plus intéressant dans ce rôle plus complexe, lui aussi très animal et encore enfantin par certains aspects.

Chez les rupins, Tomas Milian
 a un superbe rôle, très ambigu, par moments inquiétant, lui aussi très pasolinien. Parfait pour ce personnage de oisif. Et puis, il y a l’extraordinaire beauté de Mylène Demongeot,
 irradiante, mystérieuse et oh… enfantine aussi. Que de gamins dans ce film! C’est dingue ce que ce film peut paraître moderne!, très actuel, avec cette vision de la jeunesse désenchantée, regard pessimiste certes, mais si peu porté par son temps et tellement parlant aujourd’hui. Très en avance sur son temps. Peut-être que mon enthousiasme déborde. Car la même année 1959 voyait Claude Chabrol dessiner également une jeunesse dévoyée, dure, avec aussi Jean-Claude Brialy,
 dans “Les cousins”. L’air du temps? Sans doute. Et puis, on a toujours tendance à s’imaginer le pire pour aujourd’hui, alors qu’il est éternel.

Mini trombi:
Rosanna Schiaffino:

Anna Maria Ferrero:

Franco Interlenghi: