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jeudi 7 juin 2018

La grande lessive



1968

Titre original: La grande lessive

Cinéaste: Jean Pierre Mocky
Comédiens: Bourvil - Francis Blanche - Jean Poiret

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Heureux temps où je ne connaissais pas les films de Jean-Pierre Mocky et où je les découvrais pour la première fois! Un cycle à la télé, sur TV6 ou la Cinq, je ne sais plus : il y eut La cité de l’indicible peur, Un drôle de paroissien, La grande lessive et L’étalon. Ce fut une explosion, une liesse cinéphile pour moi!

Le cinéma de Jean-Pierre Mocky ne ressemble à rien d’autre qu’au cinéma de Mocky. À la fois bête, méchant, foutraque, mal foutu, joliment croqué, poétique, naïf, subversif, forcément drôle, c’est un spectacle unique que je goûte de temps en temps en souvenir de cette première fois festive, pleine de joie et de sourires.

La grande lessive est sans doute une des rares productions de Mocky en couleurs qui me touchent même sur le plan visuel. Je lui préfère d’habitude ses films en noir et blanc. Ce film-là est doté de couleurs très légères, comme de la pastel. C’est délicieux à voir. Ce sera aussi le cas avec L’étalon. Par la suite, l’enchantement esthétique s’estompera.

Aussi étrange que cela puisse paraître, je crois vraiment que la direction d’acteurs de Mocky donne une plus-value au jeu des comédiens. Entendons nous : je suis d’accord que la manière un peu guindée de certains personnages, le jeu ampoulé ou bien figé d’autres, peut paraître si peu naturelle, voire même complètement artificielle et qu’elle est susceptible de rebuter beaucoup de spectateurs, a priori. Mais en fait, à la longue, ce jeu bizarroïde correspond parfaitement au monde dans lequel nous plongent l’histoire et les personnages. Cela fonctionne très bien avec cette mise en scène qui semble improvisée ou mal conçue et exécutée à la va-vite. La tonalité, l’atmosphère qui s’en dégagent produisent un spectacle saisissant, captivant comme un rêve éveillé. Les acteurs peuvent soit sous-jouer, soit sur-jouer, cela n’a plus d’importance. Au contraire, cela relève encore cette impression onirique de conte vaguement moral dont les conventions sont un peu bousculées.

L’ensemble est donc un tout qui n’est pas dénué de cohérence, maitrisé dans sa démesure, balisé dans sa nimportenaouakerie. Et au milieu de tout cela : une flopée d’acteurs tout à leur joie évidente de participer à un festival délirant de gags plus ou moins drôles. Sans compter les gueules pas possibles qu’est allé dénicher Mocky pour ses figurants, comme à son habitude.

Seul Mocky aura su tirer de Bourvil

ce type de personnage farfelu, habité par un idéal, rêvant comme un enfant à un monde meilleur et courageux devant la triste adversité. Ce personnage est dans la lignée de tous ceux qu’il jouera pour Mocky, obsédés par une idée opiniâtre et jusqu’au-boutiste un brin anar comme il se doit.

A ses côtés, Francis Blanche

 reste malgré tout d’un grand naturel, très juste dans ses intentions. Son personnage est complètement fou, mais il parvient à nous en livrer une incarnation presque réaliste.

J’adore également le rôle de Jean Poiret,

 acteur incommensurable, qui ne cesse de me fasciner et de m’émouvoir : très grande admiration!

On s’amusera également de la déglinguerie qu’arrive à proposer Michael Lonsdale

pour son petit rôle. Et Dieu sait que le champ sémantique lié à la déglingue parait a priori aux antipodes de la personnalité de Michael Lonsdale. Il fallait bien l’imaginaire foldingue de Mocky pour faire la connexion.

La grande lessive n’est pas mon Mocky préféré (il y en a deux ou trois que je place devant), mais je le trouve encore très charmant. Quelques scènes très “portes qui claquent” étouffent un peu enthousiasme, mais d’autres le réveillent sans peine et finissent d’emporter la mise. Un encore très bon Mocky, quoi!

Trombi:
Roland Dubillard:

Jean Tissier:

René-Jean Chauffard:

Karyn Balm:

Alix Mahieux:

Jean-Claude Rémoleux et Marcel Pérès:

Rudy Lenoir et Philippe Castelli:

Philippe Brizard:

Roger Legris:

Henri Poirier:

Micha Bayard:

Roger Lumont:

André Numès Fils (droite):

Albert Pilette:

Jean-Michel Molé et Pierre Benedetti:

Simone Duhart:

Pierre Durou:

Christian Chevreuse:?

Renée Gardès:

? et Jean-Marie Richier:

Igor Tyczka ou Raymond Tyczka:

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Nicole Chomo?:

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dimanche 2 août 2015

Un drôle de paroissien



1963

Titre francophone: Un drôle de paroissien
Titre US:Light-Fingered George
Titre US2: Thank Heaven for Small Favors
Titre UK: Heavent sent

Cinéaste: Jean-Pierre Mocky
Comédiens: Bourvil  - Francis Blanche - Jean Poiret

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd

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Dans le petit monde fou des films de Jean-Pierre Mocky, "Un drôle de paroissien" garde une place de choix selon moi. Aux côtés de "La cité de la peur", des "Compagnons de la marguerite" et de "La grande lessive", il m'apparaît comme un des sommets de sa filmographie. Beaucoup des meilleurs films de Mocky selon moi ont été réalisés dans ces premiers temps. Mocky y apportait un soin peut-être un peu plus important ? Le casting y était plus riche ? Je ne sais trop. C'est bien là un des mystères qui entoure l'œuvre de Jean-Pierre Mocky. Autant j'adore cette première époque, autant je souffre devant l'espèce d'abandon que m'inspire sa fin de carrière.

Dans une certaine mesure, le scénario de ce "drôle de paroissien" suit à peu près la même trame que nombre des films de Mocky, à savoir un original, habité par un projet aussi farfelu qu'inacceptable pour l'ordre établi, organise la lutte contre la police pour mener à bien son grand-oeuvre.

Et comme Claude Rich, Bourvil est un comédien assez riche et profond pour donner à ce rôle d'illuminé la densité nécessaire, pour en faire à la fois quelqu'un de tangible et d'attachant. Cet être en partie isolé, presque fou car planté tout droit dans ses convictions et sa propre logique, reste humain, avec ses faiblesses, ses doutes. Personnage difficile à incarner. Mais Bourvil y parvient avec une déconcertante facilité : il est habité, méthodique, lunaire et l'aborde avec une réelle poésie, celle que l'on retrouve bien souvent dans les films de Mocky, une poésie fantaisiste, guillerette, utopiste, légèrement provocatrice. Je mets "légèrement" à bon escient.

Ce film est décrit trop précipitamment comme anti-religieux. Il ne l'est pas vraiment, loin de là! Son personnage, s'il vit du vol des troncs d'églises, n'en est pas moins dévot et animé par une foi sincère. En aucun cas le film fustige la foi du personnage, bien au contraire! Certes, l'idée de vivre du vol n'est pas cohérente avec ce que dictent le sens moral commun et encore moins les préceptes religieux, mais au delà de cet écart, l'Eglise n'est pas fustigée. Le film évoque un homme qui accommode sa religion à sa propre situation économique, mais qui n'en demeure pas moins un ardent pratiquant.

Le comique de la situation part de cette confusion, puis se développe sur l'affrontement avec la police, évidemment plus pragmatique et par conséquent inapte à entendre de tels raisonnements anarchiques.

Le groupe policier est tout aussi farfelu pourtant. Il est composé d'acteurs pas toujours très bons mais dotés de trognes pas possibles. Mocky aime à égayer son film de gueules étranges, de physiques excentriques. Au moins est-il sûr de ne pas avoir vu cela ailleurs, du moins dans le ciné français de l'époque. En chef de cirque, il promène de film en film sa ménagerie de freaks sympathiques. Ici comme dans d'autres Mocky, les gueules parsèment la pellicule.

Pour bien les intégrer à l'ensemble, le cinéaste n'oublie pas de demander tant que faire se peut à ses comédiens principaux de se transformer, de se distinguer de la manière la plus excessive. Ainsi dans ce film Jean Poiret arbore-t-il un sourire jovial presque niais qui rend le personnage aussi étrange que fascinant.

Dans le rôle du policier, on retrouve un autre habitué des films de Mocky, Francis Blanche. Il joue le même rôle que dans "Les compagnons de la Marguerite", un flic besogneux et obsédé par sa chasse à l'homme.

En somme, cette fable gentiment anar dispense une sorte de poésie encore un peu enchantée, à la naïveté peut-être feinte. Elle coule avec douceur, agréable. Un divertissement très marqué dans le fond et la forme par l'univers de Jean-Pierre Mocky. J'aime beaucoup revoir de temps en temps ce petit jeu plein d'espièglerie encore enfantine que ce cinéaste parvenait à proposer à cette époque.

Trombi:
Claude MansardWilly Braque et Lucienne Dutertre (trio au premier plan à droite):