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mercredi 13 novembre 2013

Conversations avec Douglas Sirk



1997

Auteurs: Jon Halliday
Editeur: Cahiers du cinéma (coll: Atelier)

Notice SC

  • ISBN-10: 2866421906
  • ISBN-13: 978-2866421908


Lu en novembre 2008

Ces entretiens datant de 1971 ménagent quelques surprises pour moi. D'abord, ce qui frappe, c'est la faculté de Douglas Sirk à s'auto-analyser et à ne pas se ménager. Je ne connaissais pas ce regard volontiers catégorique de Sirk sur sa propre oeuvre. Les films les plus importants à mes yeux ne semblent pas être portés dans son cœur. Voilà sans doute ce qui étonne avant tout.

L'autre découverte, c'est la place que prend le théâtre dans sa vie. A le lire, on est presque convaincu que ce qui l'a nourri c'est d'abord le théâtre et que le cinéma a été presque secondaire. Quelque part, ce n'est pas illogique, quand on connait sa filmographie. Son cinéma a un côté dramaturgique. Cela fait sens somme toute.

Comme Sirk parvient à garder une certaine honnêteté à l'égard de lui même et de son histoire, l'émotion face aux tragiques événements de sa vie est souvent au rendez-vous.

Son oeuvre a été largement revue et revisitée à la fin du siècle et l'ouvrage marque ce phénomène. Bien retranscrit, ces dialogues sont très faciles à lire, très fluides, très agréables. Ce livre plein de surprises et d'enseignement me semble donc constituer une lecture indispensable pour ceux qui veulent rencontrer Douglas Sirk.

jeudi 20 septembre 2012

Tout ce que le ciel permet



1955 

Titre original : All that heaven allows
Alias: Tout ce que le ciel permet


Cinéaste:
Comédiens:Jane Wyman -Rock Hudson -Agnes Moorehead - Conrad Nagel


Notice Imdb

Vu en dvd



Critique du 10 décembre 2007 :

Superbe! Flamboyance du technicolor! Grand spectacle de couleurs, entre ombres bleutées et lueurs rougeâtres, véritable kaléidoscope jouant les tourments sentimentaux, les affres et douleurs du qu'en-dira-t-on, de la perte de repères sociaux, du sacrifice sans récompense ni raison, de l'être aimé qui s'éloigne, du déchirement, mais aussi l'amour qui éclot, l'embrasement d'une nouvelle idylle, de l'envie et du plaisir de voir dans l’œil de l'autre un sourire, du bonheur.

Sirk joue à merveille de toute cette palette pour donner la partition d'un concert du sentiment. Peu de gros plans, le théâtre joue ce soir, comme cet écran de télévision qui reflète sous nos yeux et ceux de Cary le jeu des émotions, de la comédie, du drame, toutes les facettes de l'humanité dans le tourbillon des passions.

Ce qui touche le plus c'est cette faculté de la mise en scène à transcender une histoire somme toute ordinaire en quelque spectacle grandiose. Ce sont de petites gens, une petite société, une petite famille, un petit village, un petit monde, l'amour nait petitement, simplement et cette histoire assez commune prend un souffle grandiose. La forme, oui, prend une grande part mais pas seulement, il existe quelque tour ou passe-passe magique du metteur en scène qui propulse cet ordinaire sur une grande échelle, élève le commun au grandiose, la simplicité sur un piédestal. Sans doute la lente et délicate attention portée aux personnages, la progression patiente de leurs sentiments, la sournoise montée des périls dans le même temps, paisible, fausse quiété, tout ce temps pris pour connaître, apprécier, entrer en empathie, enchaîner notre propre ressenti à celui des personnages. Il y a sans aucun doute également un savant dosage de jugements et de caractérisation des personnages et par conséquent une obligatoire identification du spectateur, devant les manipulations perverses ou égocentriques de l'entourage. Tout une machine de l'émotion s'empare du spectateur, isolé, ne pouvant rester insensible. Pas étonnant effectivement qu'Almodovar, Haynes ou Fassbinger aient été inspirés. Un cinéma du ressenti, du ventre avant d'être de la cervelle.

J'ai particulièrement été séduit par la musique également que j'ai cru reconnaître, alors que c'est vraiment la première fois que je vois ce film.
Je retiendrais davantage encore les dialogues ainsi que les effets de mise en scène l'écran de télé ou la cruche sont de ceux-là parmi tant d'autres plus subtils les uns que les autres et qui sont le signature d'un grand film.

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Nouvelle critique du 20 septembre 2012 :

J'aime tellement Douglas Sirk que j'ai comme une appréhension, une sorte de trac de midinette à l'idée d'écrire cette bafouille.

D'abord parce que "Tout ce que le ciel permet" est le premier film de Sirk que j'ai vu il y a autour de 5 années. Et je ne l'avais pas revu depuis. J'ai peur d'oublier des trucs, d'être injuste par mégarde ou bien de faire preuve d'une certaine incompétence ou encore de n'être tout simplement pas assez clair.

Douglas Sirk est une montagne qui mérite l'ascension, pas juste d'être vu de loin. Il ne suffit pas de dire que Sirk est un grand réalisateur, que "Tout ce que le ciel permet" est un film magnifique, il va me falloir creuser un peu plus profond et je ne sais pas pourquoi je ne m'en sens pas capable en ce moment. Lassitude de l'écrit ou du temps. Prenons le film par le commencement et essayons d'évoquer ce qu'il dégage a priori.

Je me souviens très bien des premières impressions lorsque j'étais encore tout neuf : j'avais les plus grandes craintes. Notamment devant ce style très engoncé des personnages, un style trop net, propret, à l'impeccabilité formelle des plus artificielles, un avant-goût d'une sorte de plastification dans la forme. Les personnages paraissent tout droit sortis d'une publicité pour lessive ou corn flakes, d'une émission télé politiquement correcte WASP vantant l'American way of life, quelque chose d'atrocement froid, coloré, oui, sucré, d'accord, mais factice, industriel, polyphosphaté (héhé, je peux m'amuser, siouplait?).

D'autre part, ce parti pris esthétique est renforcée par une photographie de Russell Metty très appuyée, avec une chromatique pour le moins criarde. Sans compter que les personnages ne se contentent pas de paraitre de manière ordinaire et lisse mais semblent dans un premier temps réagir aux évènements avec un sens moral d'un conventionnel tout aussi cliché.

Bref, Sirk nous dépeint un monde et des mentalités d'un autre âge, accumulant poncifs éculés, esprits étroits et standardisation mentale avec une violence peu commune.

Justement c'est ici que le cinéaste parvient à nous prendre à contre-pied, à renverser son histoire et son public, tordant l'évidence, libérant du coup une foultitude de thématiques, créant des opportunités scénaristiques impromptues, dégageant une profondeur qu'on attendait plus. Le film prend sur la fin toute son épaisseur. Les personnages dessinent une complexité, une densité rares. Le banal film se transforme en chef d’œuvre d'intelligence et de subtilité. La mère, aliénée à sa position de mère, de veuve, se trouve alors confrontée au regard réprobateur d'une large partie de la communauté. Sirk, par le jardinier désinhibé par rapport au qu'en dira-t-on, nous montre la souffrance que s'inflige les personnages, et surtout le peu d'assise, le peu de légitimité en fin de compte qui entend justifier cette souffrance. Ineptie du paraitre, oppression du regard moraliste venant de la société, camisole des corps autant que des cœurs sont décortiqués, déconstruits comme diraient les philosophes avec une minutie inattaquable par le scénario et tout le dispositif scénique qu'orchestre Douglas Sirk.

Par conséquent, le panachage de couleurs vitupérantes prend tout son sens. La forme n'est plus seulement baroque par hasard mais permet d'exprimer l'étendue des sentiments changeants que les personnages et le public peuvent éprouver. Les couleurs, non lancées à l'écran comme un crachat m'as-tu-vu et inepte comme on avait pu le croire, deviennent décors, postulent à étayer l'action, l'exaltent même. La mise en scène de Douglas Sirk prend toute son ampleur, les attitudes conventionnelles sont, elles aussi, pleinement satisfaisantes désormais que l'on découvre le revers de la médaille.

La sémantique de l'image comme de la narration que l'on jugeait ampoulées est à ce point réfléchie et parfaitement ajustée que je suis tombé des nues la première fois que j'ai vu ce film.

On pourrait énumérer d'autres domaines dans lesquels le film assure une certaine maitrise, comme la musique par exemple, mais je suis si peu mélomane que j'avoue mon incapacité à convenablement analyser son rôle au delà de l'accompagnement, ou bien l'aspect pictural de certains cadrages, notamment les plans très larges, d'exposition extérieur, sur les paysages qui frappent par la façon dont ils rapetissent les personnages, comme pour mieux les situer dans le cadre bucolique et naturel, mais également pour mieux signifier l'humilité dans laquelle leur histoire les plonge. Par certains côtés, j'ai cru y voir de cette peinture classique du XVIIe, de Lorrain ou plus tardif de Constable par exemple, des peintures où le paysage devient acteur, exprimant le flot d'émotions que les héros retiennent ou laissent échapper.

Voyez je vais un peu vite en besogne, trop fatigué. Tant pis. J'y reviendrai et sans doute corrigerai cette chronique sur une prochaine revoyure, notamment quand quelqu'un aura l'idée de restaurer ces vieilles copies et nous les éditera en blu-ray.


Trombi: 
Jane Wyman:

Rock Hudson:

Agnes Moorehead:

Conrad Nagel :


Virginia Grey:
Gloria Talbott:

 William Reynolds:

Charles Drake:

Hayden Rorke:
Jacqueline deWit:

Tol Avery et Leigh Snowden:
Merry Anders:




 
 Donald Curtis:
Joseph Mell:
Nestor Paiva:
Eleanor Audley:

vendredi 3 décembre 2010

La Habanera



1937

Cinéaste: Douglas Sirk
Comédiens: Zarah Leander - Julia Serda - Karl Martell - Ferdinand Marian

Notice Imdb

Vu en dvd



La récente vision de "Paramatta" avait été quelque peu douloureuse. Je craignais le pire sans aller jusqu'à maudire ma femme qui avait emprunté le diptyque à la médiathèque. La prestation de Zara Léander m'avait considérablement traumatisé.

Sur ce film son personnage est un peu plus vivant mais l'actrice ne peut s'empêcher de faire des manières par moments. Moins pénible cependant que sur "Paramatta", elle n'en devient pas pour autant plaisante ici.

Le film de Douglas Sirk me parait moins bien filmé que "Paramatta" qui était riche en discours sous-entendu, par l'image. Certes, les personnages sont encore enfermés, les ombres des persiennes grillagent leur avenir. Certes, la présence de cages d'oiseaux continuent de nous rappeler que le thème de l'aliénation est central sur ce film. Mais le reste semble moins percutant, la mise en scène moins efficace.

L'histoire rappelle bien plus "Les piliers de la société". La morale de l'histoire est à peu près la même : l'anti-héros creuse sa propre tombe.

La lourde insistance sur la nostalgie nationaliste ainsi que l'espèce de racisme anti-portoricain m'ont de plus assez vite fatigué. Le personnage de Zara Léander s'il est moins geignard et éteint que celui de "Paramatta" n'en demeure pas moins tête à claques, étroite d'esprit et incohérente. Finalement, on ne sait plus qui est le plus à plaindre du mari ou de l'épouse.

En plus, les comédiens qui entourent Léander ne sont pas vraiment époustouflants. Au final, je me suis aussi bien ennuyé que sur "Paramatta", avec le net avantage tout de même de ne pas avoir subi ici l'envie irrépressible de m'enfoncer des tisons ardents jusqu'aux tympans afin d'échapper à une musique pleurnicharde et des interprètes qui chantent faux. A voir au moins pour entendre une fois dans sa vie un flamenco en allemand.

Tssss, la période allemande de Douglas Sirk m'aura complètement échappé.

Trombi:
Ferdinand Marian:

Karl Martell:

Boris Alekin:

Geza von Foeldessy:

Julia Serda:

samedi 20 novembre 2010

Paramatta, bagne de femmes



1937

Titre original: Zu neuen Ufern
alias : Paramatta, bagne de femmes
alias : Life begins anew

Cinéaste: Douglas Sirk
Comédiens: Carola Höhn - Edwin Juergenssen - Willy Birgel - Zarah Leander

Notice Imdb
Vu en dvd




Décidément, la période allemande de Douglas Sirk fait rien qu'à me faire des croches-pattes! Dire!

Pour celui-là, c'est une grosse déception car j'avais lu précédemment un article très joliment écrit par Christian Viviani dans le Positif n°539 de janvier 2006 dont un épais dossier était consacré au maître. J'ai relu donc l'article sur le diptyque "Paramatta / La Habanera" après visionnage de ce Paramatta qui n'a pas été loin de ressembler à un dur calvaire pour ma part. J'ai cru que "Paramatta" signifiait "pauvre de moi" pendant un instant brièvement égocentrique.

L'argumentaire de Viviani est juste pourtant. Du point de vue intellectuel, tout cela se tient, est cohérent. Seulement, il est souvent question de rencontre au cinéma, entre le public et le film. Parfois, quelque chose de difficilement explicable ne s'effectue pas, ne déclenche pas les éléments qui font le lien. Savoir pourquoi on n'aime pas un film, des personnages, une histoire ou une mise en scène qui, pris de façon objective ne sont pas mauvais, n'est pas toujours chose aisée. Souvent une part de mystère vient se faufiler entre vous et vos sensations. Exaspérant et bien réel.

Cela ne fonctionne pas pour moi sur ce Paramatta, pourtant je comprends la thèse de Viviani. Elle m'avait donné envie de voir et d'aimer ce film. Si je m'efforce de trouver une raison à tout cela, je suis très troublé. Car je vois bien l'intelligence de la mise en scène, l'espèce de distance et d'enfermement que Sirk met en place par de petites et subtiles trouvailles visuelles (la pluie qui strie la vitre d'un cab, les piques du box des accusés, le voile derrière lequel Zarah Leander
est confinée). Il n'empêche : je me fous complètement du personnage.

Alors peut-être, éventuellement, que la boursouflure du jeu de cette comédienne a très vite fini de m'exaspérer et l'a rendue inaudible? Fort probable. Son jeu extrêmement ampoulé, emphatique, théâtral doit daté du muet, ma parole! Destinée à remplacer Greta Garbo et Marlène Dietrich, toutes deux parties vers des cieux moins nazis, la pauvre Zarah Leander

accumule les poses tragiques et les gestes outrés. L'imitation de ses illustres consœurs est amusante deux secondes ; on s'en lasse très vite. Elle ne se retiens guère. Lâchée à brides abattues sur un jeu grandiloquent qui demande néanmoins beaucoup de retenue pour ne pas tomber dans le risible. Son petit brin de voix est mignon, mais ne suffit pas à combler le gouffre qui se creuse au fur et à mesure qu'elle se complaît à en faire des caisses. C'est dommage. La scène où Willy Birgel

la retrouve dans un boui-boui australien avait sur le papier belle allure, de quoi agiter les bocaux des plus creux ou les cœurs les plus asséchés. Au final, elle est presque émouvante. Leander fout tout en l'air par ses simagrées. On a davantage envie de lui mettre des claques que de la prendre dans ses bras.

Et puis ce grand benêt de Viktor Staal qui ne sert aryen?

Le film est pourtant sirkien jusqu'au bout de la bobine. J'ai l'amère impression de passer à côté d'un truc. Il me faudrait faire abstraction de ce détestable jeu, ainsi que d'une scène qui m'a fait beaucoup rire (ce n'était sûrement pas son objectif), une séquence pénible finalement où une chanteuse de rue nous sert une infâme soupe avec fausses notes et voix éraillée qui viennent torturer mes innocents tympans.

Trombi:
Carola Höhn:

Erich Ziegel:

Hilde von Stolz:

Herbert Hübner:

Lissy Arna et Ernst Legal:

Lina Lossen:

Siegfried Schürenberg:

Robert Dorsay: