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mardi 15 juillet 2014

Scanners



1981

Cinéaste: David Cronenberg
Comédiens: Jennifer O'NeillPatrick McGoohan - Michael Ironside

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd



Après avoir vu un "Maps to the stars" flapi, mou de la mise en scène, une sourde colère a fini par éclater ouvertement : il me fallait revoir un bon Cronenberg! Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu "Scanners", la revoyure tombe à propos pour faire œuvre de baume réparateur. Oui, voilà! Voilà ce que c'est qu'un bon film de Cronenberg : bien écrit, malin, doté d'une mise en scène efficace, sûre et d'une histoire génératrice de fantasmes, de rêves et d'effroi! Voilà un film qui crée de l'émotion !

Évacuons d'entrée la part des comédiens car je n'ai pas souvenir que la direction d'acteurs de Cronenberg ait jamais posé problème. Même dans "Maps to the stars", les comédiens sont irréprochables. Ici le réalisateur compte sur deux monstres.

Michael Ironside trouve avec ce film l'un de ses plus emblématiques (avec "Total recall"). Il est boursouflé de convulsions nées de la colère, de la folie et bien entendu de l'imagination de Cronenberg. Son visage peut faire un mixe entre violence et grotesque. Ils sont rares à être aussi souples là-dessus. Comme une gargouille de cathédrale, il est gardien et incarnation du mal viscéral. Aussi mobile et froid que le visage de Jack Nicholson, le sien est le support idéal pour jouer cet ange noir né d'une science très expérimentale.

L'apprenti sorcier est joué par un Patrick McGoohan formidable d'autorité et de mystères. Sous ses lunettes et sa grande barbe poivre et sel, c'est Freud et Frankenstein qui sont réunis. Le port altier, le phrasé impeccable, le comédien britannique impose sa classe folle et donne au film une saveur particulièrement riche, qui s'accommode parfaitement de la teinte sombre de la photo.

C'est me semble-t-il une caractéristique commune aux premiers films de Cronenberg. On retrouve cette même photo glacée et sombre sur "Chromosome 3" par exemple. Une image où la lumière peine à éclairer les rouges, les bleus et les verts. C'est le noir et le rouge qui s'imposent davantage, du moins encore une fois est-ce mon impression. Peut-être une vue de l'esprit? En tout cas, là où "Maps to the stars" semble visuellement fade, couleurs et lumières étouffées, "Scanners" percute l'œil, la photo dit le mal-être des personnages, dans leurs têtes comme dans leurs corps.

Mais la très grosse différence qui m'impressionne le plus, c'est la qualité du scénario et sa projection à l'écran via la mise en scène. Alors que "Maps to the stars" reste figé, sans passion communicative, parfois flou dans ses intentions, comme perdu sans GPS, "Scanners" sait clairement où mener son spectateur. Lequel a le sentiment d'être dirigé, d'avoir face à lui un film pensé, construit vers un ou des objectifs pré-choisis. Ce n'est pas un film parfait de bout en bout, mais il reste d'une fluidité très agréable. Lisibilité qui n'annihile pas les effets de surprise de l'histoire.

Quoiqu'il en soit, on est pris par "Scanners" alors que j'attends encore de l'être par "Maps to the stars". Je sais que c'est un peu injuste de parler d'un film tout en persistant à le comparer à un autre, mais je suis sans doute trop déçu et irrité par le dernier Cronenberg, frustration qui ne fait que s'accroître avec le temps, pour pouvoir échapper à cette colère.

Pour ne pas finir avec cet esprit négatif qui me pollue la critique, un petit mot sur la belle Jennifer O'Neill dont la présence un peu effacée est néanmoins charmante. Elle n'a pas de peine à survivre au charisme de Stephen Lack, qui porte bien son patronyme tant il manque d'aura, le pauvre.

Retenons que "Scanners" est un très bon film, un thriller d'anticipation, entre science-fiction et fantastique, riche en possibles, en réflexions plus ou moins d'ordre fantasmatique. La télépathie est en effet un sujet qui peut exploiter les peurs et les espoirs d'un grand nombre de personnes dont l'imagination peut se révéler galopante. C'est le propre des bonnes créations de S-F ou de fantastique que de caresser l'imaginaire dans le sens du poil. "Scanners" le fait avec une grande aisance.

Trombi:

jeudi 3 juillet 2014

Maps to the stars



2014

Cinéaste: David Cronenberg
Comédiens: Robert PattinsonMia Wasikowska - Julianne Moore - John Cusack - Evan Bird

Notice SC
Notice Imdb

Vu en salle



Sentiment étrange, désagréable, celui de s'être trompé de salle, celui d'avoir à dire du mal d'un film que j'avais envie d'aimer. Je suis allé voir un Cronenberg, un film persifleur, comique, acerbe, noir, méchant et percutant. Or, à bien des égards, la marchandise s'avère frelatée. Les ingrédients sont peut-être là, mais l'ensemble ne produit pas les effets escomptés. C'est la raison pour laquelle je dois bien admettre que je sors frustré, un peu amer, en tout cas forcément déçu.

La critique d'Hollywood est violente, assénée de manière trop lourde, trop facile. Sans une mise en scène fluide, ni concise, le film apparaît juste méchant, mais pas véritablement mordant, ni porteur d'une critique pertinente.

Entre film noir et comédie sarcastique, le scénario semble avoir aussi du mal à choisir. De fait, le comique du film ne fait pas vraiment rire. D'autant plus que la souffrance n'est jamais risible. On subit plus le pathos des personnages, on ne parvient encore moins à se distancier vis à vis d'eux et de leur douleur. Peu de prise pour l'humour, mais pas davantage d'empathie.

Peut-être que le regard posé sur les personnages est très méchant, ricanant plus que souriant? Peut-être que cet humour m'échappe tout simplement? J'ai suivi le film sagement, attendant qu'il démarre, puis cherchant en vain un petit truc auquel me raccrocher.

Les acteurs ne sont pas mauvais. J'avais hâte de retrouver John Cusack ou Julianne Moore mais s'ils font leur travail avec un entrain visible et je suis sûr beaucoup de précision... il n'en demeure pas moins que je ne suis pas arrivé à m'enthousiasmer pour l'histoire que leurs personnages racontent et donc je me suis presque ennuyé.

Hollywood est un monde à part, parallèle, déshumanisé, égocentrique, vénal, cynique et pervers, bref un microcosme plein de merde et de folie. Malheureusement cette ritournelle nous a été mille fois contée par ailleurs et surtout avec bien plus de puissance, d'humour et de beauté. A tous les étages, ce film sonne creux, comme s'il avait été bâclé, comme s'il avait manqué plein d'éléments que David Cronenberg aurait gommé ou oublié d'ajouter.

On peut s'étonner que le film nous raconte deux histoires : une piste de trop faisant perdre à l'autre son tonus? Sans aucun doute certaines séquences sont mal mises en scène, pas assez clarifiées, trop floues, trop ambiguës pour être tout à fait satisfaisantes. Dommage.

Mini trombi:

samedi 4 mai 2013

Le festin nu


1991

Titre original : The naked lunch
Titre francophone: Le festin nu

Cinéaste: David Cronenberg
Comédiens: Peter Weller - Judy Davis - Ian Holm - Roy Scheider

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd




La dernière fois que j'ai vu ce film remonte à loin, à un temps où ma fainéantise me faisait croire que la punch line d'une critique avait du bon. J'avais aimé cette histoire alambiquée, tordue, aussi fondue que le cinéma de David Cronenberg. Je l'avais vu en VOST, or cette revoyure se fait sur un dvd allemand, sans sous-titre. Pour la plupart des films une seule audio anglais est largement suffisante, mais ici, j'avoue que sur un film aussi déjanté des sous-titres anglais auraient été les bienvenus. D'autant plus qu'il faut se coltiner la voix très sourde de Peter Weller,
marmonneur professionnel, champion olympique 92 de la diction catégorie ultra-son. N'empêche, le dvd "Arthaus" s'il n'est pas d'un niveau Criterion restitue pourtant avec netteté l'explosion de couleur et de textures que nous ont réservé David Cronenberg, Peter Suschitzky (directeur de la photographie) ainsi que Elinor Rose Galbraith et James McAteer sur les décors.

Le film est très riche, dans une proposition chromatique éclatée entre couleurs primaires et couleurs plus sombres, le tout tendant vers l'organique cher à Cronenberg. Ce dernier terme "organique" est particulièrement bien évident. Je vais aller vite sur l'aspect viandard, viscéral, plein de fluides et libidinal du cinéma de David Cronenberg. Cette obsession du corps en fonctionnement, de la pénétration, de l'ouverture de l'invisible, de la sécrétion est une antienne toujours plus ou moins présente dans ses films, bien qu'il semble s'en éloigner sur ses dernières années. Ce festin est bel et bien nu. La gourmandise de Cronenberg à filmer l'activité corporelle en s'imaginant que la nature de la réalité, consciente ou non, est en prise directe, par essence, avec cette activité, rend le récit souriant, presque comique par moments.

L'humour provocateur du cinéaste se trouve associé, dans une étrange harmonie, au traumatismes et réflexions de William Burroughs. Je n'ai pas lu le roman initial, mais je sais qu'il a comme le personnage principal tué accidentellement sa femme. On imagine sans peine comme le roman a pu représenter un canevas prodigieux pour Cronenberg. Il s'y engouffre avec un enthousiasme qu'il transmet au spectateur. Le festin nu est en effet un repas gargantuesque de métaphores sur la culpabilité, l'homosexualité, sur l'addiction, sur le travail d'écriture, sur la multiplicité de la réalité, sur la fiction, sur la vérité et les fraudes. Extrêmement riche, le scénario offre de nombreuses pistes qui peuvent en déboussoler plus d'un. Mieux vaut être de bonne humeur, dans un état d'esprit ouvert à l'image poétique dans toutes ses acceptions (l'horreur et le glauque ne sont pas toujours sans charme, question de point de vue), mais je suppose que beaucoup seront un peu rebutés par cette bidoche sémino-sanguinolante.

Outre la très belle image que l'on doit en grande partie au quatuor d'artistes cités plus haut, le film présente l'avantage d'avoir une très belle distribution. Mais deux comédiens m'ont beaucoup plus tapé dans l’œil que leurs confrères.

D'abord Ian Holm,
dans un rôle finalement pas exceptionnellement difficile, me parait plus qu'irréprochable et arrive à instiller quelque chose de très inquiétant avec finesse et simplicité dans son jeu. Le second est sans contestation Roy Scheider
qui s'amuse comme un petit galopin avec ce personnage à double détente. On le sent très joyeux, plein de jeunesse et de sourires. Réjouissant.
Peter Weller est très sobre.
Trop? Je ne suis pas transcendé par la performance de Judy Davis, m'enfin, son rôle est loin d'être évident.

Voilà donc un film pluriel, rigolo à force d'être culotté, allant jusqu'au bout de ses logiques parallèles, et qui parait tricoter des chemins détournés pour raconter l'humain dans sa complexité méta et intra-physique, en utilisant le grotesque dans le bon sens du terme, quand la caricature, attirant à elle la puissance du trait, frappe plus fort et avec profondeur les esprits. Jubilatoire, introspectif, grave et drôle à la fois, le film propose pourtant un ensemble très causant, très expressif et finalement attachant. Oui, j'aime bien cette recherche chez Cronenberg : il en devient sympathique à fouiller dans les corps pour trouver des réponses à toutes ses questions.

Trombi:
Julian Sands:

Monique Mercure:

Nicholas Campbell:
Michael Zelniker:
Robert A. Silverman:
Joseph Scoren:
Yuval Daniel:
Sean McCann:
Howard Jerome:

Michael Caruana:
John Friesen:

 Peter Boretski: