[go: up one dir, main page]

Affichage des articles dont le libellé est Ardem. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Ardem. Afficher tous les articles

lundi 3 septembre 2018

Chantages 2



2002

Titre original : Chantages, tome 2

Auteur : Ardem
Dessinateur : Ardem

Editeur : Media 1000.

Notice SC
Notice Bédéthèque

-----------------------------



La suite du 1er épisode de Chantage est aussi explosive. La 1ère histoire était déjà très crapoteuse. La ligne directrice des bédés d’Ardem est maintenue : des femmes soumises aux caprices les plus humiliants d’hommes imbus de leur pouvoir, jusqu’à l’abjection.

On est tellement loin des Metoo. Autres temps, autres mœurs, ce genre d’histoires serait difficilement éditable aujourd’hui. Si l’on s’arrête à ce préalable, bien évidemment qu’elle pose problème cette bédé : les personnages sont des monstres et les victimes sont impuissantes. L’immoralité sadienne est reine. Pire, les femmes abusées et humiliées finissent par tirer du plaisir de leur position de victime. Mais c’est bien de vexation qu’il s’agit, plus que de souffrances physiques, c’est d’être rabaissées et traitées comme des objets qui donne du plaisir aux femmes d’Ardem, dans un véritable abandon.

C’est peut-être un peu moins vrai du reste sur ce triptyque de Chantage. Quoiqu’il en soit, on n’est pas à proprement parler dans du sado-masochisme traditionnel. Parfois on peut s’en rapprocher, mais jamais Ardem n’y livre ses protagonistes, du moins dans cette série de Chantage.

Le dessin est vraiment très réaliste. Beaucoup plus sûr qu’à ses débuts. J’aime ses personnages. Les femmes y sont très différentes des héroïnes de bédé habituelles aux beautés très prononcées. Les styles sont variés, très recherchés et proches du réel. Plus proches de la voisine de palier que de la top-model. Elles sont belles, pleines de formes, généreuses et pulpeuses.

Chez les hommes, le souci du détail n’est pas le même, me semble-t-il . Ce que Ardem cherche avant tout à mettre en avant dans son trait, ce sont les difformités, les indices protubérants ou boutonneux d’une laideur morale, qui les constituent en quelque sorte et rejaillit sur leur physique. Mais là, il y a de la recherche également avec des typologies masculines diverses.

Reste que les mentalités et les comportements des hommes ne changent guère en leur faveur. Tous les hommes finissent toujours pas être des salops, avec leurs névroses bien degueulasses. Tous sont largement chtarbés.

Le scénario est sur la même trame que celui du premier épisode : une descente en enfer qui n’en finit pas. Alors que le premier tome jouait de l’ambiguïté de Léa, fille d’Héléna, cette aventure repart sur ce même canevas avec Léa, mais dans la deuxième partie, Léa tombe elle aussi complètement dans un cercle vicieux, annonçant un troisième et dernier tome encore plus noir, si c’est possible.

Cette 2e bédé est très intense. La 1ère était surprenante, un véritable choc pour moi. Avec celui-ci, l’effet de surprise semble perdurer. Ce qui n’est pas un mince exploit ! Mais j’ai peine à penser que Ardem puisse maintenir ce degré de violence dans le récit et par conséquent de tension chez le lecteur, sans tomber dans le morbide. C’est déjà assez glauque.

Affaire à suivre. Une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains.  mes sensibles s’abstenir !

Vacances de rêve Flo



1994

Titre original : Flo : Sans argent sur la Côte d'Azur, j'ai vendu mon corps pour me payer des vacances de rêve...
Autre titre : Confessions érotiques n°81
Autre titre : Vacances de rêve

Auteur: Ardem
Dessinateur: Ardem

Editeur: Media 1000
Autre Editeur : Dynamite Entertainment

Notice SC
Notice Bédéthèque

--------------------------



Autant j’aime beaucoup d’habitude les aventures très sombres et obscènes qu’invente Ardem, autant celle-ci me déçoit. Ce que j’aime chez Ardem, c’est qu’au travers d’une histoire crapoteuse, des dialogues monstrueusement vulgaires et avilissants, il parvienne pourtant à la raconter de manière presque réaliste, avec en tout cas un certain brio et une imagination incroyable. Ses histoires sont énormes, irréelles et pourtant, grâce à une maîtrise du récit, des dialogues très violents, mais finalement crédibles ou des pensées mises en cartouche qui dynamisent, la lecture reste vivante de bout en bout.

Le lecteur est témoin direct des scènes qui deviennent de facto très réalistes, malgré les rapports pour le moins pervers entre les personnages, en dépit également des dialogues qui dérivent très souvent vers une obscénité de plus en plus violente. Ardem réussit à mettre de la chair dans son récit. Comme c’est si souvent bien foutu, quand j’ouvre une bédé de cet auteur, je m’attends donc à être épaté par la capacité du scénario à rester en équilibre sur le fin d’une histoire incroyable, mais « vraie ».

Or, avec cet album, je suis très déçu par l’absence d’assise scénaristique. D’entrée, Ardem nous fait un petit résumé des déboires amoureux de l’héroïne, Flo. Il l’expédie très vite pour prétexte à une certaine lassitude du personnage, un état de désillusion qui pourrait expliquer cet abandon auquel elle se livre très vite avec son nouveau patron.

Trop vite, à mon goût : la descente psychologique du personnage est balayée en quelques cases. La montée de tension n’est pas maîtrisée. Si l’on a toutefois un temps de présentation d’un personnage secondaire et quelques cases d’explications, de fait la mise en place des scènes érotiques arrive beaucoup trop tôt.

Et leur intensité est déjà très élevée avec ce patron abusif. Au contraire, après ces premières planches, Flo passe à des péripéties qui me semblent orchestrées sans véritables liens avec le début de l’histoire.

Bref, il n’y a pas une grande fluidité entre les scénettes. Les transitions sont abruptes, exécutées à la va-vite. On a le sentiment, en suivant cette trame (une des premières d’Ardem, je crois), que la bédé a été écrite trop précipitamment. La cohérence de l’ensemble laisse à désirer.

Dès lors, difficile de rester happé par l’histoire qui perd progressivement en intensité.
Le dessin n’est pas aussi achevé qu’à l’habitude non plus. Il est encore bon, entendons nous, mais pas autant que sur les travaux suivants d’Ardem. Le style de ce dessinateur est facilement identifiable par sa rondeur sa précision, ses détails, mais il n’est pas encore à son optimum de rigueur et de réalisme.

Un Ardem moyen, c’est assez rare pour le signaler.

vendredi 13 juillet 2018

Dorothée



1994

Titre original : Dorothée : j'étais le jouet d'un couple d'amis

Auteur: Ardem
Dessinateur: Ardem

Editeur: Media 1000
Collection: Confessions érotiques BD

Notice SC
Notice Bédéthèque

ISBN: 2-86564-734-X

-------------------------


Tous les ingrédients que met Ardem dans ses bédés sont bel et bien là : grossièreté à son extrême, rapports de soumission violents et une introspection dans la psychologie de l’héroïne. Mais, pour une fois, je ne suis pas totalement convaincu, ni dans le fond, ni dans la forme. Est-ce une question d’humeur? C’est possible.

Mais essayons tout de même d’analyser ce ressenti à l’aulne de faits quant au scénario, au traitement de la conduite du récit et la crédibilité de la psychologie des personnages. C’est sans doute sur ce dernier point que je suis le plus sceptique. Tous les scenarii que nous a proposés Ardem sont par définition, de par le genre et le radicalisme du parti pris, bancals sur le réalisme, dans la psychologie décrite et les interactions violentes entre les personnages. Seulement, la plupart du temps, on passe dessus sans problème. On l’accepte comme un postulat fictionnel et inhérents au genre. On ne s’y arrête pas.

Avec cette bédé, j’ai été à plusieurs reprises stoppé dans ma lecture. Le texte, les pensées de Dorothée ne sont pas aussi naturels qu’à l’accoutumée chez Ardem. Il y a un manque de fluidité à partir de la 2e partie de la bédé quand Dorothée est définitivement passée de l’autre côté de la barrière, en victime “consentante”?

Jusque là au contraire la bédé me plaisait bien. Je trouvais la trame joliment fine, la lente descente de Dorothée, la façon dont elle est tout doucement amenée à pervertir ses relations avec ses deux amis était plutôt bien construite. Bien écrit, plutôt réaliste, tout à fait crédible, car subtilement équilibré.

Ensuite, le récit va trop vite, à mon goût, dans le crapoteux sans que cela soit réellement justifié. Il manque encore deux ou trois éléments pour que Dorothée soit si docile. On n’avale cette pilule qu’avec une espèce d’arrière goût amer. L’amertume de subir un récit expédié trop hâtivement, un peu bâclé.

A y regarder de plus près, toutes les histoires d’Ardem sont sacrément gonflées, presque abracadabrantes, tirées par les cheveux si l’on veut rester dans la mesure et prudent, mais en tout cas, l’habilité de l’écriture parvient généralement à rendre réel l’improbable. Sur cette bédé, cela ne peut pas fonctionner aussi miraculeusement.

Au delà du fond, la forme pêche un peu dans le sens où le dessin d’Ardem me semble manquer lui aussi d’assurance et de maîtrise. Il est juste bon. Ce qui est pas mal. Mais d’habitude je le trouve beaucoup plus net et sûr. C'est vraiment bizarre puisque cela ne m'était pas apparu lors de la lecture d'autres ouvrages parus à la même époque. Quoiqu'il en soit, il s’en dégage une drôle de sensation, celle d’un dessin traité avec un soin un peu moins rigoureux. Cela ajoute à l’impression générale de bédé trop vite exécutée, mal assurée. Le dessin n’est pas laid, mais il manque de fluidité, parait un peu figé par moments. L’esthétique a l’air d’être saccadée quelquefois, c’est un peu frustrant quand on aime Ardem.

mercredi 4 octobre 2017

Chantages, tome 1



2001

Titre original : Chantages, tome 1

Auteur: Ardem
Dessinateur: Ardem

Editeur: Dynamite

Isbn:2-7448-0114-3 / 978-2-915101-62-1

Notice Bédéthèque
Notice SC

---------------------



J’avais déjà lu cette bédé. Il y a longtemps. Je crois bien que c’est même avec ce premier album que j’avais découvert le style coup de poing d’Ardem. Je me rappelle le « choc » que cela avait suscité pour moi.


Le scénario est simple, mais foutrement efficace, solide par son équilibre et également par sa puissance dans l’émotion. Les hommes qui y sont décrits sont particulièrement odieux. Cela va de soi dans un scénario d’Ardem. Mais l’on voit très bien avec la fille d’Héléna que cette cruauté, ce rôle pervers n’est pas l’apanage des mâles. Ce personnage est très ambigu. La jeune fille joue avec la libido de ses “prétendants” et se montre très froide, voire effectivement cruelle avec sa mère.

De fait, Héléna se retrouve prise entre deux feux, soumise à deux formes de violence qui affaiblissent d’autant plus sa position. Le jeu humiliant auquel se livrent les hommes sur les femmes est une nouvelle fois au centre de l’histoire. Les femmes sont réifiées, dégradées. Quant aux hommes, sadiques, ils jouissent pleinement, sans barrière, de leurs positions favorables.

Bien évidemment, pour que cela soit à peu près crédible, les femmes subissent sans révolte pour des raisons qui peuvent paraître obscures. Ici, Héléna veut préserver son image au sein de l’entreprise pour ne pas perdre son emploi, ses privilèges. Si l’on accepte ce préalable, l’histoire est intense grâce à une très bonne écriture qui maintient la tension et même une sorte de suspense tout le long du récit.

Forcément, le lecteur est outré et ne comprend pas la passivité d’Héléna devant les exorbitantes demandes de ses maîtres chanteurs, ce qui augmente d’autant la sourde colère qui s’amplifie au fil de la lecture. J’ai bien conscience du fait que ce schéma, toujours à peu près le même dans les bédés d’Ardem, peut avoir de limité, comme c’est souvent le cas pour les sous-genres, que ce soit dans l’érotisme ou l’horreur par exemple. Mais c’est aussi un très bon moyen de déceler la capacité de renouvellement, d’enrichissement d’un auteur obligé de réécrire toujours la même histoire. Ardem montre dans ce cadre étroit une belle invention, jouant sur les intensités, le rythme et le réalisme de ses récits pour parvenir à proposer une lecture animée, incroyablement vivante.
Au final, je me demande si dans ce genre de bédé ce premier tome de Chantages n'est pas le meilleur, par sa précision, son détail...

Vidéo privées



1996

Titre original : Justine : Mon mari filmait mes ébats avec son caméscope...Autre titre: Justine : Vidéo privées.

Auteur: Ardem
Dessinateur: Ardem

Editeur: Media1000 - Dynamite

Notice Bédéthèque
Notice SC

Isbn:2-86564-852-4
------------------



Une des premières œuvres de Ardem pour la collection de Media1000, me semble-t-il. Le style est déjà prometteur et toutes ses caractéristiques sont bel et bien présentes : l’humiliation est au centre de la problématique, l’héroïne glisse doucement de la pudibonderie à une sexualité assumée et surtout, les personnages s’interrogent sur la situation qu’ils vivent.

L’originalité de cette aventure vient du fait que tous les protagonistes sont en quelque sorte interviewés et en répondant comme face caméra (ou au lecteur en l’occurrence, l’impliquant de facto dans le récit). C’est là encore un procédé narratif que Ardem utilise fréquemment et avec justesse.

Les personnages livrent donc leur témoignage intime, rendent la lecture un peu plus crédible malgré l’outrance pornographique du propos et la présentation de rapports humains pour le moins tarabiscotés, extrêmes. En effet, cette histoire de frères qui se partagent la femme de l’un est particulièrement tordue et par conséquent un poil difficile à accepter. Comme toujours avec les scenarii d’Ardem, et plus généralement avec ceux du genre érotique qui par définition s’affranchissent allègrement des barrières sociales.

Mais Ardem réussit à faire passer la pilule en incluant dans son récit de nombreuses cases discursives, qui sortent de la continuité, comme des pauses, des temps de réflexion pour asseoir les possibilités de réalisme.

Par conséquent, la lecture reste plaisante, malgré le propos plus que obscène. Avec cette histoire, on atteint des seuils très élevés dans la pornographie (notamment avec l’urophilie de certains personnages). Aussi le fait que le lecteur soit vraiment immergé dans la lecture est très important, pour ne pas dire primordial en ce qui me concerne, moi qui aurait tendance à déguerpir, à sortir du récit quand cela dépasse mes limites.

Le dessin me plait toujours autant. Il n’y a guère de doute là dessus : j’aime toujours ce trait si caractéristique de Ardem. Et de fait, c’est ce qui me plaît le plus et me pousse actuellement à chercher ses autres œuvres bédé (signées Alain Mounier dès lors qu’elles sortent du cadre érotique).

jeudi 21 septembre 2017

Les trois sœurs Darnum - Sabarra



1995

Titre original : Les trois soeurs Darnum, tome 1
Autre titre : Les trois soeurs Darnum - Sabarra

Auteur: Ardem (Alain Mounier)
Dessinateur: Ardem (Alain Mounier)

Editeur: Glénat

Notice Bédéthèque
Notice SC
-----------------------



Les trois sœurs Darnum est la 2e bédé que Ardem sort chez Glénat. Elle date de 1995, c'est à dire en même temps que les premières bédés livrées chez Média 1000, mais le style est tout de même légèrement différent.

Que ce soit pour les personnages ou pour les décors, il me semble que le dessinateur a cherché à peaufiner au maximum les détails, chargeant un peu plus qu'à l'habitude ses cases. Ce n'est pas un reproche, même si j'aime bien la simplicité, l'épure de son style par ailleurs.

Ici le style est plus baroque. Sans doute que le thème s’y prête davantage ? Le monde dans lequel se déroule ce récit est futuriste. Il rappelle par sa fantaisie la vision métallique d’un Blade runner. L’imagination est sollicitée dans l’extravagance comme souvent dans le genre, c’est un risque que courent tous ceux s’imaginent l’avenir sans trop de barrières raisonnables.

Cependant, l’œuvre est tout de même avant tout erotique. Sur ce point, Ardem ne lache curieusement pas trop la bride à son récit comme il le fait d’habitude. Bien sûr, l’humiliation demeure l’essence de son histoire. Mais, si le propos est résolument pornographique, l’auteur ne manie pas non plus son crescendo habituel dans la violence des rapports humains. Certes, les dialogues sont parfois très crus, ne lésinant pas sur l’obscène, mais Ardem a montré une capacité à dessiner bien pire sur d’autres albums.

Ici peut-être que la ligne chez Glénat ne pouvait s’accommoder d’une trop grande dureté de ton. Attention, la montée de tension existe bel et bien dans cet ouvrage, néanmoins elle n’atteint pas les niveaux que l’auteur aime à côtoyer de coutume. Peut-être d’ailleurs que c’est pour cette raison qu’il n’a pas été donné suite à ce premier épisode comme il était semble-t-il prévu, qu’Ardem était déjà allé trop loin ou qu’on ne lui a pas laissé suffisamment de liberté ?

Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup aimé la conduite du récit, alors qu’elle n’est pas aussi franche qu’à l’habitude. Le scénario plus compliqué exige davantage du lecteur. Les allers et venues entre les deux premières sœurs, puis à la fin avec la troisième, bousculent la.cohésion de l’ensemble, rendent difficile l’aération de l’histoire.

Ajoutons à cela un graphisme plus sombre, avec des cases volontiers plus chargées de noir par exemple. Tout cela contribue à faire de la lecture une expérience un peu plus laborieuse, mais l’immersion dans ce monde étrange, à la dépravation opulente reste très agréable. À tel point que l’on regrette que ce premier tome soit encore de nos jours le dernier de la série.