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lundi 13 mars 2017

Rebecca



1940

Cinéaste: Alfred Hitchcock
Comédiens: Laurence Olivier - Joan Fontaine - Judith Anderson

Notice SC
Notice Imdb

Vu à la télé

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Voilà un Hitchcock que je n’avais pas vu depuis peut-être trente ans! Autant dire que j’étais môme au dernier visionnage et que je n’ai pas su nourrir ma mémoire de souvenirs nets. Par conséquent, j’ai pris un certain plaisir à revoir ce film, malgré deux écueils majeurs.

Le premier est un obstacle auquel je me heurte à chaque fois que je vois un film avec lui : Laurence Olivier
est un acteur qui me laisse au mieux indifférent, au pire qui m’exaspère. Je n’arrive jamais à lire son personnage. Et pourtant, il a tenu des rôles impressionnants et beaucoup chantent ses louanges dans le jeu. Il y a dans son regard quelque chose qui m’est automatiquement et inexplicablement antipathique, ce qui est sans aucun doute injuste, mais qui se traduit par un sentiment de condescendance affichée, une estime de soi trop appuyée pour son jeu. La dernière fois que j’ai eu à subir son jeu ampoulé, c’était dans Hamlet, une pièce qui devrait m’emporter, mais son Hamlet me touche à peine. Ici, il est comme transparent. Ses colères me paraissent feintes ou bien juste flasques, sans sincérité, sans réelle passion, sans ventre, sans dent.

Autre bémol, mais plus acceptable, c’est le rôle de tarte que doit endosser Joan Fontaine.
 C’est le sujet même du film, alors difficile pour elle de faire autrement que de jouer la jeune fille un peu nunuche qui se fait lentement mais sûrement bouffer par sa gouvernante.

A ce propos, il convient aussitôt de saluer la composition haute en couleur, en relief, baroque de Judith Anderson.
 A la limite de la caricature gothique que les décors soulignent par ailleurs, son personnage est effrayant, assisté également par la lumière et les contre-plongées du chef-op George Barnes qui accentuent les angles et les expressions de cette femme.

L’atmosphère de cette grande bâtisse est assez bien rendue étouffante. Les décors sont grandioses, écrasent les héros. Hitchcock sait filmer les décors grandeur nature ou en maquette pour insuffler cette sorte d’opacité inquiétante. Les jeux d’ombres et de lumières produisent un spectacle propice à faire croître un suspense que le scénario a fait poindre très progressivement. L’ensemble fond / forme est très cohérent, parfaitement maîtrisé.

A tel point, que mes réserves sur le comédien Laurence Olivier et sur le rôle de Joan Fontaine ne sont plus que d’une importance négligeable. Je me laisse embarquer par le récit et l’envie d’en connaître le dénouement. Si le film n’est pas aussi hitchcockien que la plupart des autres, il arrive à créer une progression assez remarquable d’équilibre, dans le rythme, dans le trait, dans le poids. Cela coule de source. Aussi suis-je conquis au final. Un bon Hitchcock (scusez le pléonasme).

lundi 13 juillet 2015

Fenêtre sur cour



1954

Titre anglophone: Rear window
Titre francophone: Fenêtre sur cour

Cinéaste: Alfred Hitchcock
Comédiens: James Stewart - Grace Kelly - Wendell Corey - Thelma Ritter - Raymond Burr

Notice Imdb
Notice SC

Vu en dvd

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Pour moi, le cinéma est entier, tout rond, tout carré dans ce film. Je l'ai vu mille fois, partout, sur VHS, à la télé, en dvd, en grande salle de ciné, dans un vieux cinéma du centre de Bordeaux et qui n'existe plus, en face du Français, lors de la ressortie des chefs-d'œuvre d'Alfred Hitchcock dans les années 1980 et même au ciné-club du collège Cassignol, toujours dans mon Bordeaux adolescent. Ah, si! Il me manque le Blu-ray !

Le souvenir le plus marquant reste cette séance du ciné-club. Je crois que c'est la deuxième fois que je voyais le film. Je me rappelle avoir adoré cette revoyure, l'ambiance que le film avait su imposer à cette salle de cantine, à ce public le cul torturé par des chaises inconfortables, je me souviens le plaisir cinématographique à l'état pur.

Je le revois aujourd'hui et je sirote encore la perfection dans l'écriture, le tempo, le jeu des acteurs, le son hitchcokien de ses films avec le bruissement de la ville, la musique jouée par un pianiste, les coups de klaxon au loin et les palpitations de cette cour. Dommage que le DVD soit si pauvre. A l'usage du Blu-ray, on prend des goûts de luxe.

Fenêtre sur cour est avant tout le cinéma parce que son thème principal est le rapport plein d'ambiguïté entre l'homme (le public voyeur) et le spectacle, même si celui-ci est intime. Surtout s'il est intime, devrais-je dire. La limite avec l'interdit est parfois floue. Et toute la saveur du film provient de cet entre-deux difficile à cerner.

SPOILER 
Si le héros n'avait pas pénétré dans l'intimité de ses voisins, il n'aurait pu découvrir un assassinat.
FIN SPOILER 

Au-delà du regard moral que l'on pose sur le voyeurisme, inspecté de fond en comble tout le long du film, c'est plus largement la question du bien et du mal qui s'invite à la réflexion. Que ce soit par le truchement du zoom de son héros ou bien par la caméra du cinéaste, l'intrusion de la vision est la même. Les implications violentes dans la vie privée des personnages sont différentes bien entendu (entre fiction et réalité), mais ce décalage est comme absorbé et annihilé par l'accord tacite entre le créateur de l'histoire et son audience. Le public "oublie" un instant l'irréalité de la fiction, accepte le jeu du faux-semblant, l'apparence de réel, a fortiori l'imposition d'une création de fausse réalité qui a tellement bien des airs du vrai, tout cela pour accéder au divertissement, au plaisir, au rêve ou à la pensée.

Et avec Alfred Hitchcock, on est servi! Il ne nous vole aucune part de la marchandise. On a droit à toute la panoplie du spectacle agréable et intelligent, redoutablement efficace. Le fond et la forme se confondent comme rarement au cinéma.

Le scénario est un petit bijou de huis clos qui fait oublier ses limites. La structure temporelle est incroyablement maîtrisée. Les enjeux romantiques sont insérés à l'histoire principale avec astuce. Le scénario très malin fait coïncider le devenir amoureux entre James Stewart et Grace Kelly avec les différentes histoires de couples.

Là encore, on a droit à toutes les situations imaginables : la danseuse courtisée pendant que son homme est au service militaire, le pianiste célibataire qui malgré les sauteries qu'il organise chez lui ne trouve chaussure à son pied, la femme plutôt mûre qui se désespère de ne tomber que sur des goujats, le petit couple de vieux avec leur petit chien sur leur petit balcon et qui semblent s'accommoder de cette petite vie tranquille, le jeune couple lors de leur nuit de noces et qui, petit à petit, découvre les joies de la routine quotidienne, le mari mangé par sa femme et que l'on soupçonne vite de l'avoir zigouillée, le photographe baroudeur qui hésite à abandonner sa liberté de célibataire pour s'engager avec une femme qu'il croit trop évaporée et citadine. On trouve même un détective privé dont l'épouse joue les standardistes au téléphone et pour finir une infirmière philosophe dont l'amour conjugal semble sans l'ombre d'une faille, qui ne s'analyse pas, comme une évidence. Cela fait beaucoup de monde et pourtant, tout ce fatras affectif s'imbrique à la perfection dans le récit.

Le texte est superbe. Certaines discussions sont écrites de façon à être entendues à double sens. Beaucoup d'ironie, d'humour pince-sans-rire émaille les répliques. On parle énormément dans ce film, sans doute moins qu'on ne regarde néanmoins.

Le travail des acteurs pour exprimer sans parole des émotions ou des réflexions est spectaculaire. Or, cela ne se limite pas aux comédiens principaux.

James Stewart
est au sommet de son art dans ce domaine par exemple. Une large part du film repose sur ses épaules, je devrais dire sur son visage, son regard.

Grace Kelly
 apporte sa beauté à la fois naturelle et sophistiquée. Quelle incroyable créature ! Bien évidemment, sa blondeur, l'élégance de ses traits, surtout la féminité de ses gestes sont sublimés par la caméra d'Hitchcock, tellement habile à érotiser ses actrices.

Mais ces aptitudes à faire "parler" les corps, je le disais plus haut, ne sont pas limitées aux deux acteurs principaux, il y a deux ou trois scènes où Wendell Corey
réussit à en dire long avec son visage et ses attitudes face à James Stewart et Grace Kelly.

Même si cette histoire ne produit pas un suspense démentiel, reste que la peur d'être vu éprouvée par le voyeur, d'être pris la main ou l'œil dans l'appartement d'un voisin est naturellement ressentie, mettant une fois de plus le spectateur devant ses contradictions, entre le désir de voir sans être vu et le sentiment de culpabilité d'être un voleur d'intimité, ce qui demeure un interdit social très fort. Ce suspense hitchcokien n'est peut-être pas aussi intense qu'il a pu l'être sur d'autres films, n'empêche, il n'est pas juste un procédé mécanique et astucieux pour divertir, il est très bavard et nous dit plein de choses qui fouillent l'âme à la recherche des petits trucs cracras qu'on y cache. Y a pas à dire, messieurs dames, monsieur Hitchcock sait raconter des histoires transcendantes! Y a du jus de cervelle derrière chaque image !

Trombi:
Thelma Ritter:

Raymond Burr:

Judith Evelyn:

Ross Bagdasarian:

Georgine Darcy:

Sara Berner et Frank Cady:

Jesslyn Fax:
Irene Winston:

Rand Harper et Havis Davenport:

Alfred Hitchcock:

Ralph Smiley:

Jack Stoney:

Anthony Warde:

mercredi 25 septembre 2013

L'arrangement



1969

Titre original : The arrangement
Titre francophone : L'arrangement

Cinéaste:Elia Kazan
Comédiens:Kirk Douglas - Faye Dunaway - Deborah Kerr

Notice SC
Notice Imdb

Vu en dvd



Assez coriace à avaler, le film est monté à la sauvage, passant du réel au rêve, du passé au présent, d'un lieu à un autre à une vitesse éclair et sur de très brefs instants. Un peu difficile comme lecture, mais dès lors qu'on s'y est habitué, on peut retrouver son chemin.

C'est surtout que ça part dans tous les sens, ça crie énormément, ça gesticule, ça explose de tout côté. La vie du héros joué par Kirk Douglas est à ce point compressée par le mensonge que le bonhomme s'est perdu en route et il lui a fallu dépasser la quarantaine pour que cette forfaiture lui devienne insupportable. Il pète un câble. Il casse tout en tentant de se suicider. Peu à peu, il essaie de s'accrocher à des riens, jusqu'à comprendre qu'il n'aspire qu'à ça : rien, rien faire, juste être.

Forcément, ce bouleversement ennuie tout le monde. Et je ne suis pas loin d'en faire partie. Ma douce et tendre Jack Sullivan a jeté l'éponge à trois quarts d'heure de la fin. J'ai persévéré. Je voulais savoir jusqu'où cela irait.

Maintenant que je sais, ma foi, je me dis que le trajet du personnage de Douglas n'est pas bien original, mais il obéit à une logique tout à fait compréhensible. J'ai donc suivi cette histoire poliment, sans en retirer de plaisir mais sans non plus ressentir un vif rejet.

J'ai un profond respect pour Kirk Douglas et je voulais aller au bout au moins pour le voir faire. Je voulais voir où Kazan avait l'intention de nous mener. Sans doute que je ne connais pas assez le bonhomme pour comprendre le lien autobiographique que je subodore néanmoins dans ce film.

Je suis forcément un peu déçu par tout ce beau monde. Kirk Douglas ne fait pas d'étincelles. J'ai trouvé Deborah Kerr un peu en retrait. Son rôle est ingrat, sans attrait. Faye Dunaway l'est tout autant.

Dans le même ordre d'idées cette histoire de crise identitaire et bouleversante d'un quadra a été beaucoup mieux exploitée par un Blake Edwards. On voit bien qu'Elia Kazan essaie d'alléger son propos en y incluant de l'humour, notamment avec ce montage très nerveux. Mais ça tombe toujours à plat alors que chez Edwards le grotesque et la folie de ses films les classent à part et leur donnent une certaine force. Ici l'humour de Kazan est toujours à côté de la plaque. N'est pas Edwards qui veut. Tout comme n'est pas Kazan qui veut. J'ai l'impression que Kazan se trompe parfois de chemin sur ce film.

Trombi:
Kirk Douglas:

Faye Dunaway:

Deborah Kerr:

Richard Boone:

Hume Cronyn:

Michael Higgins (gauche)(left):

William Hansen et Carol Eve Rossen:

 John Randolph Jones:

 Harold Gould:

 Anne Hegira?

Philip Bourneuf:

Charles Drake:

Barry Sullivan: