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lundi 13 juillet 2015

Fenêtre sur cour



1954

Titre anglophone: Rear window
Titre francophone: Fenêtre sur cour

Cinéaste: Alfred Hitchcock
Comédiens: James Stewart - Grace Kelly - Wendell Corey - Thelma Ritter - Raymond Burr

Notice Imdb
Notice SC

Vu en dvd

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Pour moi, le cinéma est entier, tout rond, tout carré dans ce film. Je l'ai vu mille fois, partout, sur VHS, à la télé, en dvd, en grande salle de ciné, dans un vieux cinéma du centre de Bordeaux et qui n'existe plus, en face du Français, lors de la ressortie des chefs-d'œuvre d'Alfred Hitchcock dans les années 1980 et même au ciné-club du collège Cassignol, toujours dans mon Bordeaux adolescent. Ah, si! Il me manque le Blu-ray !

Le souvenir le plus marquant reste cette séance du ciné-club. Je crois que c'est la deuxième fois que je voyais le film. Je me rappelle avoir adoré cette revoyure, l'ambiance que le film avait su imposer à cette salle de cantine, à ce public le cul torturé par des chaises inconfortables, je me souviens le plaisir cinématographique à l'état pur.

Je le revois aujourd'hui et je sirote encore la perfection dans l'écriture, le tempo, le jeu des acteurs, le son hitchcokien de ses films avec le bruissement de la ville, la musique jouée par un pianiste, les coups de klaxon au loin et les palpitations de cette cour. Dommage que le DVD soit si pauvre. A l'usage du Blu-ray, on prend des goûts de luxe.

Fenêtre sur cour est avant tout le cinéma parce que son thème principal est le rapport plein d'ambiguïté entre l'homme (le public voyeur) et le spectacle, même si celui-ci est intime. Surtout s'il est intime, devrais-je dire. La limite avec l'interdit est parfois floue. Et toute la saveur du film provient de cet entre-deux difficile à cerner.

SPOILER 
Si le héros n'avait pas pénétré dans l'intimité de ses voisins, il n'aurait pu découvrir un assassinat.
FIN SPOILER 

Au-delà du regard moral que l'on pose sur le voyeurisme, inspecté de fond en comble tout le long du film, c'est plus largement la question du bien et du mal qui s'invite à la réflexion. Que ce soit par le truchement du zoom de son héros ou bien par la caméra du cinéaste, l'intrusion de la vision est la même. Les implications violentes dans la vie privée des personnages sont différentes bien entendu (entre fiction et réalité), mais ce décalage est comme absorbé et annihilé par l'accord tacite entre le créateur de l'histoire et son audience. Le public "oublie" un instant l'irréalité de la fiction, accepte le jeu du faux-semblant, l'apparence de réel, a fortiori l'imposition d'une création de fausse réalité qui a tellement bien des airs du vrai, tout cela pour accéder au divertissement, au plaisir, au rêve ou à la pensée.

Et avec Alfred Hitchcock, on est servi! Il ne nous vole aucune part de la marchandise. On a droit à toute la panoplie du spectacle agréable et intelligent, redoutablement efficace. Le fond et la forme se confondent comme rarement au cinéma.

Le scénario est un petit bijou de huis clos qui fait oublier ses limites. La structure temporelle est incroyablement maîtrisée. Les enjeux romantiques sont insérés à l'histoire principale avec astuce. Le scénario très malin fait coïncider le devenir amoureux entre James Stewart et Grace Kelly avec les différentes histoires de couples.

Là encore, on a droit à toutes les situations imaginables : la danseuse courtisée pendant que son homme est au service militaire, le pianiste célibataire qui malgré les sauteries qu'il organise chez lui ne trouve chaussure à son pied, la femme plutôt mûre qui se désespère de ne tomber que sur des goujats, le petit couple de vieux avec leur petit chien sur leur petit balcon et qui semblent s'accommoder de cette petite vie tranquille, le jeune couple lors de leur nuit de noces et qui, petit à petit, découvre les joies de la routine quotidienne, le mari mangé par sa femme et que l'on soupçonne vite de l'avoir zigouillée, le photographe baroudeur qui hésite à abandonner sa liberté de célibataire pour s'engager avec une femme qu'il croit trop évaporée et citadine. On trouve même un détective privé dont l'épouse joue les standardistes au téléphone et pour finir une infirmière philosophe dont l'amour conjugal semble sans l'ombre d'une faille, qui ne s'analyse pas, comme une évidence. Cela fait beaucoup de monde et pourtant, tout ce fatras affectif s'imbrique à la perfection dans le récit.

Le texte est superbe. Certaines discussions sont écrites de façon à être entendues à double sens. Beaucoup d'ironie, d'humour pince-sans-rire émaille les répliques. On parle énormément dans ce film, sans doute moins qu'on ne regarde néanmoins.

Le travail des acteurs pour exprimer sans parole des émotions ou des réflexions est spectaculaire. Or, cela ne se limite pas aux comédiens principaux.

James Stewart
est au sommet de son art dans ce domaine par exemple. Une large part du film repose sur ses épaules, je devrais dire sur son visage, son regard.

Grace Kelly
 apporte sa beauté à la fois naturelle et sophistiquée. Quelle incroyable créature ! Bien évidemment, sa blondeur, l'élégance de ses traits, surtout la féminité de ses gestes sont sublimés par la caméra d'Hitchcock, tellement habile à érotiser ses actrices.

Mais ces aptitudes à faire "parler" les corps, je le disais plus haut, ne sont pas limitées aux deux acteurs principaux, il y a deux ou trois scènes où Wendell Corey
réussit à en dire long avec son visage et ses attitudes face à James Stewart et Grace Kelly.

Même si cette histoire ne produit pas un suspense démentiel, reste que la peur d'être vu éprouvée par le voyeur, d'être pris la main ou l'œil dans l'appartement d'un voisin est naturellement ressentie, mettant une fois de plus le spectateur devant ses contradictions, entre le désir de voir sans être vu et le sentiment de culpabilité d'être un voleur d'intimité, ce qui demeure un interdit social très fort. Ce suspense hitchcokien n'est peut-être pas aussi intense qu'il a pu l'être sur d'autres films, n'empêche, il n'est pas juste un procédé mécanique et astucieux pour divertir, il est très bavard et nous dit plein de choses qui fouillent l'âme à la recherche des petits trucs cracras qu'on y cache. Y a pas à dire, messieurs dames, monsieur Hitchcock sait raconter des histoires transcendantes! Y a du jus de cervelle derrière chaque image !

Trombi:
Thelma Ritter:

Raymond Burr:

Judith Evelyn:

Ross Bagdasarian:

Georgine Darcy:

Sara Berner et Frank Cady:

Jesslyn Fax:
Irene Winston:

Rand Harper et Havis Davenport:

Alfred Hitchcock:

Ralph Smiley:

Jack Stoney:

Anthony Warde:

mardi 7 décembre 2010

L'homme qui en savait trop



1956

Titre original: The man who knew too much
Titre francophone : L'homme qui en savait trop

Cinéaste: Alfred Hitchcock
Comédiens: James Stewart - Doris Day - Brenda De Banzie

Notice Imdb
Vu en dvd




Ma mémoire me joue des tours. J'ai découvert Alfred Hitchcock au cinéma lors des re-programmations qui eurent lieu dans les années 80. Mais je ne me souviens plus si j'ai vu "Fenêtre sur cour" ou cet "Homme qui en savait trop" en premier. Ils se confondent dans mes souvenirs. A la simple différence que "Rear window" est bien meilleur.

Il n'empêche : j'aime beaucoup cet "homme qui en savait trop". Il contient deux ou trois scènes magnifiques qui à elles seules sont des petits bijoux prouvant le génie de ce cinéaste.

La mort de Daniel Gélin,

ce faux ralenti, le découpage, l'intensité dramatique sidérante, cette séquence nous fait entrer dans le spectacle de l'angoisse.

Jouant sur les nerfs de James Stewart et donc du spectateur, la scène à l'approche de l'atelier d'Ambrose Chappell dans les rues vides où le pas d'un homme se fait lourd de menaces, puis dans l'étroite ruelle qui mène chez le taxidermiste, avec ce léger effet stroboscopique saisissant, est une petite merveille où Hitchcock excelle à susciter l'émotion sans mot dire, en quelques plans d'une pureté évidente. Un découpage sec, d'une grande efficacité.


La descente des escaliers qui rappelle celle de "Notorious" est précédée d'un subtil assemblage de plans très courts qui "montent" en écho, ce lien infime mais concret par ces espaces vides où le chant de Doris Day rebondit pour parvenir aux oreilles de son fils. Quelques secondes tout au plus et la connexion si difficile à nouer cinématographiquement est réalisée, visuellement impeccable. Comme une évidence. Comme par magie. C'est si facile, cela coule de source. Pourtant, quel travail d'écriture! Parfaite illustration de ce que seul le cinéma est capable d'exprimer, du langage et du montage de l'image.

Et que dire de la pièce maîtresse, l'attentat à l'Albert Hall dont Doris Day est le témoin impuissant? Là plus encore le découpage des plans, associé à la partition orchestrée par Bernard Herrmann lui même

est un chef-d'œuvre, une de ces scènes qui marquent le cinéma, un crescendo de tensions qui ne se libèrent que dans le coup des cymbales

et le hurlement de Doris Day. Il n'est pas uniquement question de montage plus ou moins serré mais dans la diversité des cadres, surtout les idées de mise en scène, ce canon qui apparaît doucement derrière le rideau, ce stupéfiant plan où, dans la pénombre, le visage du tueur fait le prolongement de ce bras armé, et les pleurs, l'affolement de Doris Day ne sachant que faire, ces portes qu'ouvre James Stewart à la volée, ces discussions vaines auxquelles on assiste mais on ne peut prendre part car muettes, un chef d'œuvre qu'j'vous dis! L'imagination visuelle de m'sieur Hitchcock continue de m'épater.


Chez les comédiens, je sur-adore comment le style un peu maladroit, fort et fragile à la fois, tout en ambiguïté, plein de courage, avec ces limites qu'un grand corps dégingandé imposent à James Stewart,

se marie parfaitement à la cinématographie d'Hitchcock. Sans doute avec Cary Grant, James Stewart

est l'acteur hitchcockien par excellence. Ce n'est pas par hasard que ces deux grands dadais peuvent s'enorgueillir de collecter 4 grands films à leur actif respectif.

Ma connaissance de Doris Day est beaucoup plus parcellaire pour ne pas dire erratique. J'aime bien ce qu'elle fait ici. J'imagine que son physique à la fois élégant et simple en fait une bonne incarnation de la mère américaine des années 50. Elle n'a pas la grâce de Kelly mais sur ce rôle là on ne le lui demandait pas. Ce qu'elle a à faire, elle le fait bien. Son petit duo avec le gamin "Que sera, sera" est très mignon. Ma femme lui trouvait un air artificiel, commercial, quasi-obligatoire pour les charts mais bien entendu, il prend tout son sens sur la dernière partie.

Jamais cet "Homme qui en savait trop" n'a constitué le sommet de mon panthéon hitchcockien mais a, pour ses quelques scènes grandioses, une place incontournable.


Trombi:
Brenda De Banzie:

Bernard Miles:

Ralph Truman:

Yves Brainville:

Mogens Wieth:

Alix Talton , Alan Mowbray et Carolyn Jones:

Christopher Olsen:

Reggie Nalder:

Betty Bascomb:

George Howe:

Richard Wordsworth:

Alexis Bobrinskoy:

Alfred Hitchcock (à gauche):

Anthony Warde:

?: