PROCEDE DE FABRICATION D UNE CELLULE ELECTRO¬ CHIMIQUE ET CELLULE ELECTROCHIMIQUE OBTENUE SELON CE PROCÉDÉ
La présente invention concerne un procédé de fabrication de cellules électrochimiques, notamment de cellules photovoltaïques, de batteries ou de fenêtres électrochromes, chaque cellule comportant une électrode de travail, une contre-électrode et un agent conducteur ionique ou électronique disposé entre ces deux électrodes, dans lequel, pour former ladite électrode de travail, on dépose successivement sur un substrat en matière polymère, une couche conductrice d'électricité et au moins une couche semi-conductrice nanocristalline.
Elle concerne également une cellule électrochimique, notamment une cellule photovoltaïque, une batterie ou une fenêtre électrochrome comportant un substrat en matière polymère recouvert d'une couche conductrice et d'au moins une couche semi-conductrice nanocristalline.
Il existe actuellement différents types de cellules électrochimiques parmi lesquels figurent les cellules photovoltaïques, les batteries et les fenêtres électrochromes. Les cellules photovoltaïques en particulier sont très intéressantes pour des applications dans lesquelles les rendements ne sont pas considérés comme très importants, alors que les coûts de fabrication doivent être réduits au rrώiimum. Des cellules de ce type sont notamment décrites dans les trois demandes de brevet internationales publiées sous les numéros WO 91/16719, WO 93/18532 et WO 93/20569 et dans la demande de brevet européen publié sous le numéro 0 664 570. Les cellules électrochimiques qu'elles décrivent comportent un substrat en verre recouvert d'une couche conductrice, ou un substrat en un polymère intrinsèquement conducteur recouvert d'une couche d'un matériau semi-conducteur poreux tel que de l'anatase (Ti02). Les publications WO 91/16719, WO 93/18532 décrivent un procédé permettant de déposer la couche semi-conductrice à partir d'une solution colloïdale du matériau semi-conducteur mélangé à un liant organique non volatil de façon à obtenir une pâte. Cette pâte est déposée sur le verre et cuite à 400-500 °C pour éliminer entièrement le liant organique.
La demande de brevet européen publiée sous le No 0 664 570 décrit un procédé qui consiste à mélanger le matériau semi-conducteur, sous forme d'une solution colloïdale, à un véhicule organique contenant un alkoxyde métallique de façon à obtenir une pâte. Cette pâte est déposée sur le substrat, puis l'ensemble est chauffé en dessous de 300 °C de façon à réaliser un frittage de la poudre et à éliminer partiellement le véhicule organique. La partie restante de ce véhicule organique a pour fonctions la liaison mécanique et électrique entre les particules du matériau semi -conducteur. Ce procédé nécessite une pâte parfaitement anhydre, faute de quoi, l'alkoxyde métallique est détruit. La manipulation d'une telle pâte sensible à l'eau augmente fortement le coût de production puisqu'il faut travailler en atmosphère contrôlée exempte d'humidité.
Dans le procédé décrit dans le document WO 93/20569, le frittage est effectué en six à dix cycles de décomposition à 200 °C pendant 30 minutes, puis en une cuisson finale à 250 °C pendant une heure. Dans le procédé du document WO 91/16719, la cuisson se fait à une température comprise entre 400 °C et 550 °C. Il est par conséquent nécessaire d'utiliser des substrats résistant à ces températures élevées. Ceci ne pose pas de problèmes lorsque le substrat est en verre. L'inconvénient du verre est sa fragilité et sont coût relativement élevé par rapport à des polymères conventionnels. D'autre part, il n'est pas possible de réaliser des cellules de faible épaisseur et le découpage des cellules selon des formes complexes est particulièrement difficile et conduit à un taux de déchets important.
Le chauffage à une température telle que mentionnée ci-dessus lors du frittage pose par contre de sérieux problèmes lorsque l'on désire utiliser un polymère, puisque peu de polymères résistent à de telles températures. En outre, le chauffage à une température élevée implique une consommation d'énergie importante.
La présente invention se propose de pallier ces inconvénients en fournissant un procédé de dépôt simple permettant l'utilisation de polymères conventionnels, bon marchés et donnant des cellules faciles à découper, offrant donc une grande liberté de formes.
Ce but est atteint par un procédé tel que défini en préambule et caractérisé en ce qu'il comporte une étape de frittage de la couche semi-conductrice, ce frittage étant effectué à une température inférieure à 200 °C.
Selon un mode de réalisation préféré du procédé, on prépare la matière constituant la couche semi-conductrice en mélangeant une poudre des composés constituant cette matière à de l'eau et/ou un composé organique volatil ayant une température d'ébullition inférieure à 200 °C, et à un stabilisateur, de façon à former une pâte, cette pâte contenant moins de 5% en poids de composés organiques non volatils.
La couche semi-conductrice comporte avantageusement de l'oxyde, du sulfure, du phosphure ou du nitrure d'un élément choisi parmi le groupe formé du titane, du molybdène, du tungstène, du zirconium, du tantale et du niobium.
On utilise de préférence un substrat polymère dont la température maximale d'utilisation est d'au moins 80 °C.
Selon une forme de réalisation préférée, on utilise un substrat en polymère transparent ou translucide et en particulier, un substrat en un polymère choisi parmi le polyethylene téréphtalate, le polyethylene naphtalate, le polyphénylsulfonate, le polyimide, le polyémylèneirnide ou le polypropylène.
Ces buts sont également atteints par une cellule telle que définie en préambule et caractérisée en ce que la couche semi-conductrice nanocristalline contient moins de 5% en poids de composés organiques non volatils.
Selon une forme de réalisation avantageuse, le substrat est formé d'un polymère dont la température maximale d'utilisation est d'au moins 80 °C.
Ce substrat est avantageusement formé d'un polymère choisi parmi le polyéurylène téréphtalate, le polyethylene naphtalate, le polyphénylsulfonate, le polyimide, le polyéthylèneimide ou le polypropylène.
La couche semi-conductrice est de préférence formée d'un semi-conducteur nanocristallin poreux. Elle est avantageusement formée d'un composé
métallique choisi parmi les oxydes, les sulfures, les nitrures et les phosphures d'un élément choisi parmi le groupe formé du titane, du molybdène, du tungstène, du zirconium, du tantale et du niobium.
Selon une forme de réalisation préférée, la cellule comporte une couche de promotion d'adhérence disposée entre la couche conductrice et la couche semi- conductrice. Cette couche de promotion d'adhérence comporte avantageusement un alkoxyde métallique et a de préférence une épaisseur comprise entre 0,5 nm et 500 nm.
Selon une forme de réalisation préférée, la couche semi-conductrice a une épaisseur comprise entre 0,2 μm et 100 μm.
La présente invention et ses avantages seront mieux compris en référence à la description de différents modes de réalisation et aux dessins annexés dans lesquels:
- la figure 1 est une vue en coupe d'une cellule électrochimique selon la présente invention;
- la figure 2 illustre un procédé de fabrication d'une contre-électrode pour une cellule selon la présente invention; et
- les figures 3 et 4 représentent deux modes d'assemblages des électrodes de cellules éleclxochimiques selon l'invention.
En référence à la figure 1, la cellule électrochimique 10 comporte une première électrode 11, dite électrode de travail, et une seconde électrode 12, dite contre- électrode. L'électrode de travail 11 comporte un substrat flexible 13 formé d'un polymère de préférence non intrinsèquement conducteur. Ce polymère doit avoir une température maximale d'utilisation d'au moins 80 °C et peut être formé d'un film de polyethylene téréphtalate (PET), de polyethylene naphtalate (PEN), de polyphénylsulfonate, de polyimide, de polyéthylèneimide, de polypropylène ou d'un polymère perfluoré. Ce film est recouvert d'une couche transparente conductrice d'électricité 14 contenant par exemple de l'oxyde d'indium et d'étain, de l'oxyde de zinc dopé ou de l'oxyde d'étain dopé.
L'électrode de travail peut en outre comporter une couche de promotion d'adhérence 15 comportant un oxyde métallique facilitant l'accrochage de couches supérieures sur la couche conductrice 14. De préférence, cette oxyde métallique est déposé par hydrolyse ou par décomposition d'un alkoxyde métallique dans une solution alcoolique, par exemple une solution de 50 mM d'isopropoxyde de titane dans de l'isopropanol. Finalement, l'électrode 11 comporte une couche 16 d'un matériau semi-conducteur poreux imprégné d'un agent conducteur ionique ou électronique tel qu'un électrolyte 17. Ce matériau semi-conducteur est un oxyde, un sulfure, un phosphorure ou un nitrure d'un composé choisi parmi les métaux de transition, les terres rares ou les éléments des colonnes 13 et 14 de la classification périodique moderne (Voir Cours de chimie physique de Paul Arnaud, Editions Dunod, 1988). Des éléments particulièrement bien adaptés à cette utilisation sont le titane, le molybdène, le tungstène, le zirconium, le tantale et le niobium. Ce matériaux semi-conducteur ne contient pratiquement pas de composés organiques non volatils, le pourcentage de ces composés organiques en poids étant toujours inférieur à 5%.
La contre-électrode 12 est formée d'un substrat flexible 18, par exemple également en PET ou en PEN, sur lequel sont déposés une couche conductrice transparente 19 et un catalyseur 20. Un cadre de scellement 21 constitué de colle est déposé sur la contre-électrode de façon à délimiter l'espace occupé par l'électrolyte 17. Le substrat 18 de la contre-électrode est généralement transparent ou translucide.
Le procédé de fabrication de la présente invention est décrit ci-dessous en référence aux figures 2 à 4. Il comporte essentiellement une étape de fabrication de l'électrode de travail 11, une étape de fabrication de la contre-électrode, une étape d'imprégnation de l'électrode de travail et une étape de scellage de la cellule. Ces étapes peuvent être suivies, si nécessaire, par un découpage des cellules obtenues.
La fabrication de l'électrode de travail 11 consiste à nettoyer le substrat flexible
13, puis à déposer la couche conductrice 14 en oxyde d'indium, d'étain ou de zinc sur ce substrat. Il est à noter que des substrats recouverts d'une couche conductrice sont disponibles dans le commerce sous le nom Altair-M® de la
société Southwall Technologies, Palo Alto, Californie, USA. La couche de promotion d'adhérence 15 est ensuite déposée sur la couche conductrice. Cette couche d'adhérence est simplement séchée à température ambiante. Une épaisseur d'environ 100 nm d'oxyde de titane se forme par hydrolyse de l'alkoxyde de titane à température et humidité ambiante. Ce dépôt peut être répété plusieurs fois, selon la qualité et l'épaisseur souhaitée.
La couche poreuse 16 d'oxyde semi-conducteur est ensuite déposée sur la couche d'adhérence. Cette couche poreuse est déposée sous forme d'une pâte obtenue en mélangeant une poudre nanocristalline ou une solution aqueuse colloïdale des composants constituant ladite matière à de l'eau ou à un mélange d'eau et d'un véhicule organique à bas point d'ébullition, cette pâte contenant moins de 5% en poids de composés organiques non volatils. On utilise de préférence comme véhicule organique, un alcool, une cétone, un éther ou un ester ou un mélange de ces composés, ayant un point d'ébullition inférieur à 200 °C. Le véhicule organique le plus avantageux est un alcool choisi parmi l'éthanol, le propanol, l'isopropanol, le tert-butanol, le butanol, le 2-butanol, le pentanol, le 2-pentanol et le 3-pentanol. Selon un exemple de réalisation concret, la pâte est composée d'oxyde de titane nanocristallin, d'eau et/ou d'éthanol, cette pâte étant stabilisée par un acide tel que l'acide nitrique, un composé organique volatil tel que l'acide 4-hydroxy benzoïque, un surfactant commercialisé par la société Rohm & Haas sous le nom Triton X-100®, une base telle que la soude caustique ou une amine. L'absence de composés organiques non volatils et la nature nanocristalline du semi-conducteur permet une cuisson à une température inférieure à 130 °C. Ce dépôt peut être réalisé par sérigraphie, par toile ou par stencil de façon à laisser libres les surfaces de collage de l'électrode de travail à la contre-électrode et les zones de raccordement électrique. Ce procédé permet en outre un contrôle précis de l'épaisseur de pâte déposée. On peut ainsi améliorer la puissance et le rendement de la cellule photovoltaïque. Il est important, dans le procédé selon la présente invention, de mélanger la matière à déposer à de l'eau ou à un véhicule organique à bas point d'ébullition et pas à un composé organique non volatil. En effet, un tel composé organique doit obligatoirement être associé à une étape de frittage à une température relativement élevée, incompatible avec l'utilisation de substrats polymères courants.
Selon un exemple pratique, avec une pâte composée d'oxyde de titane nanocristallin, d'eau et de 0, 1 M d'acide nitrique avec 50% en poids d'oxyde de titane, il a été possible de déposer par sérigraphie, une couche de 5 à 15 μm d'épaisseur sur un substrat en polyethylene téréphtalate recouvert d'oxyde d'indium et d'étain et traité avec une couche de promotion d'adhérence à base d'une solution de 10 mM de butoxyde de titane dans du propanol.
Le dépôt obtenu est séché, puis subit un traitement thermique tel qu'un frittage à une température d'environ 130 °C pendant 10 minutes, afin de former une couche poreuse et d'assurer la continuité électrique entre les grains nanocristallins. L'électrode subit facultativement un traitement de surface permettant d'optimiser le courant de court-circuit et la tension en circuit ouvert.
Dans le cas d'une cellule telle qu'illustrée par la figure 3, l'électrode 11 est placée dans un bain d'une solution de colorant pendant une durée suffisante pour imprégner la couche frittée. L'ensemble est alors rincé de façon à supprimer les résidus de colorant non adsorbés, puis il est séché.
La fabrication de la contre-électrode 12 commence par une étape consistant à déposer, par exemple par pulvérisation cathodique, la couche conductrice transparente 19, puis à déposer le catalyseur 20 sur le substrat flexible 18. Ce dépôt est fait par exemple par galvanoplastie dans un bain à base d'hexachlorure de platine. Le cadre de scellement 21 est ensuite appliqué par sérigraphie sur la couche supérieure de la contre-électrode. Dans le cas illustré par la figure 2, l'électrolyte est appliqué dans le cadre de scellement, par déversement depuis un réservoir 22. Un racloir 23 permet ensuite d'éliminer la quantité superflue et de régulariser la quantité d'électrolyte. En fonction de cet électrolyte, il faut éventuellement lui faire subir un séchage ou une refusion.
L'étape d'assemblage est illustrée de façon plus détaillée par les figures 3 et 4. En référence à la figure 3 en particulier, le procédé de fabrication utilise un dispositif d'assemblage 30 comportant deux rouleaux chauffants 31, 32 permettant un guidage de bandes de polymères sur lesquelles sont réalisées les électrodes, et pouvant en outre servir à chauffer ces bandes. Ces deux rouleaux chauffent les bandes et la colle du cadre de scellement 21 à une température comprise entre 20° et 200° C et de préférence entre 120° et 150°C, et collent les
deux électrodes l'une sur l'autre. Deux rouleaux supplémentaires (non représentés) peuvent également être utilisés pour abaisser la température de la bande de façon à accélérer la prise de la colle. Dans l'exemple illustré, l'électrolyte 17 est un électrolyte pâteux. Le cadre de scellement 21 est disposé de façon à remplir l'espace entre deux cellules consécutives. Ce procédé permet l'utilisation d'électrolytes polymères solides à température ambiante.
Dans la cellule illustrée par la figure 4, l'électrolyte 17 est un électrolyte liquide introduit en continu, avant le collage des électrodes, entre les deux bandes de substrats par un système de dosage 40. Ce procédé permet d'assurer un excès d'électrolyte constant. Cet excès d'électrolyte est chassé lorsque les deux électrodes arrivent dans la zone de contact des deux rouleaux chauffants 31, 32. La colle formant le cadre de scellement 21 est choisie de telle manière qu'elle puisse adhérer à la deuxième électrode à travers l'électrolyte liquide. Ce cadre de scellement est disposé de façon à former une capsule etanche lorsque les deux électrodes sont collées l'une sur l'autre. Ce procédé permet un remplissage optimal de l'électrolyte dans les cellules.
Le procédé selon la présente invention n'utilise aucune étape de chauffage du substrat à une température supérieure à environ 130 °C. De cette manière, il est possible d'utiliser un grand nombre de polymères en tant que substrat. En particulier, il est possible d'utiliser des matières particulièrement bon marché pour la réalisation des cellules décrites ci-dedans.
Les différents modes d'assemblage des cellules décrits ci-dessus peuvent également être utilisés pour la réalisation d'une batterie au hthiurn. Dans ce cas, le colorant utilisé dans la cellule photovoltaïque est remplacé par une couche de lithium et la couche formant le catalyseur par une couche d'un oxyde métallique tel que le pentoxyde de vanadium. Le procédé de fabrication et d'assemblage est le même pour les cellules photovoltaïques et pour les batteries au lithium.
Ce mode de fabrication est particulièrement économique et adapté à la fabrication de cellules électrochimiques pour de petits appareillages électriques. Il permet un découpage aisé selon n'importe quelle forme, ce qui permet son utilisation dans toutes sortes d'objets tels que des montres ayant des cadrans de forme non rectangulaire et non circulaire.
En outre, la fabrication de ces cellules peut se faire dans un milieu ayant une humidité normale, contrairement à la fabrication d'un grand nombre de cellules de l'art antérieur qui nécessitent l'utilisation de chambres exemptes d'humidité. II est en outre possible démouler les cellules sur un rayon compris entre 1 et 5 cm ce qui permet de réaliser une fabrication en continu de cellules et un stockage sous forme de bobines.
La présente invention n'est pas limitée aux modes de réalisation décrits, mais s'étend à toute modification évidente pour l'homme de métier. En particulier, le choix de la matière constituant les substrats peut être pratiquement quelconque. L'électrolyte peut également être un polymère qui peut avoir une fonction de colle permettant d'assembler les deux électrodes. Dans ce cas, il n'est pas nécessaire de placer un cadre de scellement autour de chaque cellule.