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Dans la forêt (intro)
02:42
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"ProvidenZad"
Alain Damasio
Roule, mec. L’eau te coûte plus cher que l’essence. Il coule du sable au robinet. Toute route est un tarmac. Pick-up fonçant dans des flaques de kérosène. Les drones décollent de partout. Roule, roule… Hélicocoléoptère, hélicocortisone. Pizza de plastique fondu dans ton bide. Mozzarella du bouffe-moi là. Brochettes de clavier sur un barbeuque de plage. Chamallows grillés avec capsules de bouteilles qui collent aux molaires. La mer a la couleur du lait. Roule.
Le ciel sent la merde. Roule ! Il en a la consistance, les traînées, il pleut plus, Dieu a tiré la chasse.
Les Monges tiennent encore mais Marseille gît par 20 mètres de fond.
Les plongeurs font leur beurre, les pirates règnent, roule, personne ne produit plus rien, ça pille, roule, ça se partage les ruines, les ordures qui flottent, les déchetteries sont des empires, alors roule, roule…
La Terre s’est pas réchauffée, les mecs. Elle brûle. On est des chipolatas cramées sur une grille d’aération. Climatise la forêt, climatise l’océan, climatise le maquis, ouais, ouais, climatise ta meuf et surtout roule, roule !
Tu traces au volant de ta caisse en déroulant les paysages comme une cinématique, les voix et les bruits du torrent t’arrivent comme une bande-son, la mer est une ambiance. Tu pourrais écraser ton père et rouler sur ton gosse, quelle importance ? C’est la Matrice.
Toutes les réalités se valent, tout perd poids ou sens, tu fonces dans ton pick-up sur des routes en fusion, tu traces de ville en ville sans t’arrêter aux plages. T’as tes chiards à l’arrière qui sautent à chaque cahot, qui chient à chaque barrage, et tu sais plus quoi dire quand ils jettent des pavasses sur les milices au passage.
Dans ta tête, t’as qu’un nom, t’as qu’un but, t’as qu’un espoir bâtard coché par une croix sur une carte en pétard, et ce nom, ce but, cet espoir, il s’appelle ProvidenZad.
ProvidenZad, l’oasis, le miracle humain, la communauté qui tient, qui vient. ProvidenZad, le lieu où tout pousse, tout renaît, tout est vert, tout survit à la lisière de la brousse.
Alors roule, roule, roule, roule, roule, roule…
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La Nuit venue
04:28
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"The Orbitary Satellites"
Judith Juillerat
What sort of day was it before?
Swallows were harbingers of spring,
bees visited tons of flowers.
What day will it be tomorrow?
Spaces rockets will link up with
the orbitary satellites.
No more kings,
but masters of the world.
No more kings,
but masters of the world.
No more kings,
but masters of the world,
set to patent every living thing.
Before limited editions
and computer simulations,
social media, influencers,
consulting firms and greenwashing.
Before the power and the might,
law enforcement with war weapons,
flashball devices and nightsticks,
string-ball grenades and tear gas.
For the good of humanity.
What day will it be tomorrow?
Spaces rockets will link up with
the orbitary satellites.
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5. |
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"Once A Week"
Ross Kirk – aka Black Sifichi
Well yes this is rather incredible for me
it happens to me once a week.
Yeah, it happens to lots of people once a week.
If you have something happening to you once a week
and you need to talk about, well you call always call Black Sifichi because
I like to talk about things that only happen ONLY once a week!
But my once a week thing, actually happens, TWICE a week.
Roma Napoli please come in here, we’re talking about the Once a Week Tragedy.
Roma is part of that. Roma has to do things
more than once a week. Actually, Roma has to do some things almost everyday.
But once a week is different then doing it everyday, unless you don’t do it – really do it – everyday.
THAT’s when it becomes only once a week.
ARE YOU FOLLOWING ME?
The first part of once a week is dingdingdingdingding snooze, dingdingdingdingding snooze, radio in my headphones. dingdingdingdingding – stop ringing – take off headphones, get a shower, breakfast and WHAT?
GO TO WORK!
That means get dressed, which I don’t want to do, who wants to get dressed when you’re in bed naked, in a beautiful 25 degree environment, with a big garden and I can just hang out naked in my garden. BUT NO!
I’ve to get a shower, shave and get dressed, then ONE – TWO, 2A 2B, 3A 3B, 4A 4B, 5A 5B, 6 AAAAAAAAAAaaaaaay.
6A is Sunday, Sunday is the day when I only do one service, from about ten till FIVE in the afternoon – Serving People. MMMMmmm! Oh serving people. Another weird part of life is serving people!
TAPTAPTAPTAPTAP.
I’ll be right over –
TAPTAPTAPTAPTAP – More ketchup TAPTAPTAPTAPTAP. Dessert is coming TAPTAPTAPTAPTAP. Would you like a drink? TAPTAPTAPTAPTAP. NON You bourgeois cunt, WE DON’T have Champagne anymore!
DRIVE US IN! DRIVE US IN! DRIVE US IN!
ANYWAY – So to come back around, you start and stop when it’s a SUNDAY. This is the feeling that ROMA doesn’t always understand, is that, I am off my FUCKING job, and I don’t have to go to work tomorrow and that feels just GREAT! because I can sit around, listen to music, not think about where I’m gonna go, when or whatever! Be Naked! All I have to think about is being with Roma, when we’re gonna eat together, and maybe watch a movie, have a little drink, check my e-mails, maybe post a radio show today or tomorrow, BE, TRY! to be slightly creative with the free time that I have now, and keep writing down things in the book. Yeah!!
ONCE a week. That happens ONCE a week!
If it could happen more often, like 3 times week, hahaha, YES I would like to be off on Sunday, and then off on Wednesday, and off on Friday.
Now if you vote for Black Sifichi I will be redesigning the work force so that we all work on alternative days, and there’s always 3 days connected together for your time off. So you work on Monday, you’re off Tuesday, you work Wednesday, you’re off Thursday, you work Friday and then you’re off until next Tuesday. Now that sounds like a good plan! I don’t know when I can do this plan. But I’ll work on it, I’ll get my top advisor, Roma Napoli, to get into all the details with the CGT, the SFT, the CER, the MIG, and all those groups of working people that are in a UNION! A Syndicate, in order to get this through! SYNDICATE WHEN YOU CAN.
We’re going to change the working week. It’s not going to be ONCE a week. It’s gonna happen all the time soon. VOTE, with a clear conscience, you can VOTE for Black Sifichi & Laurent Pernice, in the next SEVEN SECONDS before we hit the SIX minute mark…TWO… ONE…
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"Circumstances of Happiness"
Judith Juillerat
Circumstances of happiness
make dream, make sure, fast-forwarding.
Sky is invisible mind dust
as chaotic pieces of life,
and colonized by thousands of
hidden wave-like fluctuations. (x3)
I was sinking into a lush vegetation.
Long shadows stretched out in the night.
I was as light as the ether,
visiting things to come…
And suddenly,
I was reduced to nothing more
than a kernel flying in the cosmos,
looking for my body to take root.
Circumstances of happiness
make dream, make sure, fast-forwarding.
And no man can know his own death.
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"La Ville générique"
Rem Koolhaas (adaptation : Alain Damasio)
Rem Koolhaas dit :
La Ville générique est un lieu où les sensations sont émoussées et diffuses, les émotions raréfiées, un lieu discret et mystérieux comme un vaste espace éclairé par une lampe de chevet, les moments individuels y sont extrêmement espacés. Cette absence généralisée d’urgence et d’insistance agit comme une drogue puissante, elle engendre une hallucination du normal.
Rem Koolhaas dit :
L’angle des façades est le seul indice fiable de génie architectural : 3 points pour une façade qui penche en arrière, 12 points si ça penche en avant, 2 points en moins pour une façade en retrait (trop nostalgique).
Rem Koolhaas dit :
L’originalité de la Ville générique, c’est tout simplement l’abandon de ce qui ne marche pas (défoncer l’asphalte de l’idéalisme avec le marteau piqueur du réalisme).
Rem Koolhaas dit :
Toute Ville générique possède un bord de l’eau même s’il n’y a pas toujours d’eau. Il peut aussi s’agir d’un désert par exemple, mais il y a au moins un côté par lequel elle rencontre une autre condition comme si la présence d’une échappatoire à proximité était la meilleure garantie de plaisir. Là les touristes s’assemblent en troupeau dans les bistrots alignés sur la lisière.
Rem Koolhaas dit :
L’hôtel est appelé à devenir le module de base de la Ville générique. C’était auparavant les bureaux. Les hôtels sont des containers qui grâce à leurs services complets et diversifiés rendent presque tous les autres édifices redondants, faisant même office de centre commercial : ils sont ce qu’il y a de plus proche de l’existence urbaine version XXIe siècle.
Rem Koolhaas dit :
Il se peut que l’écriture de la ville soit indéchiffrable, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’écriture. Il se peut simplement que nous ayons nous-mêmes développé une nouvelle forme d’illettrisme ou de cécité…
Rem Koolhaas dit :
La Ville générique est une esquisse jamais terminée : on ne l’améliorera pas, on l’abandonne.
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10. |
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"Il y a les ombres"
Héloïse Brézillon
il y a cette pièce,
et autour
il y a les ombres
la pièce prend matière dans le chaos sourd et noir
elle solidifie la peur pour en faire des briques
les ombres précèdent la pièce,
elles ont toujours été là les ombres, chatoyantes,
à contre-jour les ombres / et puis dans la pièce, il y a L,
petite fille aux yeux ronds comme un silence
il y a cette pièce, et autour il y a les ombres
L – il n’existe que cette pièce
mes deux peluches
mon lit sur mezzanine
ma veilleuse en forme de clown
il n’existe que cette pièce
je le sais
les ombres le chuchotent
la nuit
et dehors il n’y a que le vide
les étoiles agrafées au vide
la petite fille a appris à aimer le noir
elle découpe dedans
des grandes pièces de tissu
pour s’en faire des manteaux
avec des manches trop longues
comme ça lorsqu’elle danse, la laine
virevolte au bout de ses doigts,
ça lui donne l’impression de tenir la main au rien
de danser avec quelqu’un
seule
si tu les déranges, les ombres, elles dévorent ta peau
avec l’acide
qui sort de leurs bouches
elles bavent bouffent – te laissent des trous de termites
partout
sur le corps
des taches comme du mucus d’escargot
déchirures
salées
les cris perforants creusent
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11. |
Lumières paradoxales
04:44
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