[go: up one dir, main page]

email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2025 Berlinale Special

Critique : Late Shift

par 

- BERLINALE 2025 : Dans ce drame hospitalier de Petra Volpe, Leonie Benesch, de La Salles des profs, livre une interprétation éblouissante

Critique : Late Shift
Leonie Benesch dans Late Shift

Late Shift [+lire aussi :
interview : Petra Volpe
fiche film
]
de Petra Volpe est un film qui porte une cause : avant le générique de fin, on voit des statistiques sur la pénurie, d'ampleur mondiale, de personnel infirmier, c'est-à-dire que nous sommes déjà en pleine crise sanitaire. Le fait de garder cet avertissement pour la fin rend ce film, présenté dans le volet Berlinale Special de la Berlinale, encore plus glaçant, comme une prémonition sur ce qui nous attend si la situation dans les hôpitaux empire – ce qui est presque certain. Il est évident que la réalisatrice suisse à laquelle on doit Les Conquérantes [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Petra Volpe
fiche film
]
et Pays de rêve aborde le sujet parce qu'elle est sincèrement alarmée, car le film est, d'abord, une œuvre d'une facture impeccable, et, deuxièmement, une fiction bien rythmée et bien structurée qui restitue l’intensité brute du contexte hospitalier.

Late Shift, interprété par l’actrice révélée par La Salles des profs [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : İlker Çatak
interview : Leonie Benesch
fiche film
]
, Leonie Benesch, et filmé par la cheffe opératrice Judith Kaufmann (également directrice de la photographie sur La Salle des profs et Corsage [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Marie Kreutzer
interview : Marie Kreutzer
fiche film
]
), use de tous les outils possibles qu'offre un thriller (humaniste) solide pour immerger le spectateur dans un monde de devoirs, des responsabilités et de procédures qui vit à une cadence impossible, et où les erreurs ont souvent des conséquences fatales. Au début du film, Floria (Benesch), infirmière en milieu hospitalier, commence son service après un jour de repos. Elle est souriante, très patiente et réactive. Avec seulement deux infirmières et une étudiante dans leur section, la journée promet d’être difficile, mais en écrivant le scénario, Volpe a pris soin d'éviter de rendre tout cela trop spectaculaire. Ce qui suit se déploie comme en temps réel (même si ce n’est pas le cas), grâce aux longues prises caméra à l’épaule et aux travellings prolongés qui suivent le moindre geste de Floria. Beaucoup de choses se passent et l'intensité ne cesse de monter, mais on sait bien que c’est réellement comme ça que ça se passe, tous les jours, dans n’importe quel hôpital partout dans le monde.

Le bloc opératoire est au complet pour trop peu de personnel soignant, mais Floria semble habituée à ce rythme – Benesch a une voix douce et son regard est toujours clément, même quand les patients ne le méritent pas vraiment. C’est la personne de confiance par excellence. Ses tours sont constamment interrompus par les appels d’autres patients ou son téléphone qui sonne dans sa poche, de sorte que le public est toujours conscient de la masse de ce qu'elle doit gérer à chaque instant. Late Shift contracte et étire le temps dès que le besoin s'en présente, s'assurant que les patients ont toute l'attention nécessaire (de l’infirmière et du spectateur), ce qui fait que le film ne tombe jamais dans l'idéalisation de la figure de l’infirmière.

Pour Benesch, qui a déjà fait preuve de résilience et d’une belle capacité à canaliser une grande partie de ce que son personnage ne dit pas à travers son interprétation physique, ce rôle d’infirmière n’est pas moins ardu que ne l'était celui de Miss Nowak dans La Salle des profs. Les longues séquences ininterrompues où on la voit réapprovisionner la pharmacie, attraper les ampoules et préparer les piqûres d'une douzaine de patients à la fois sont tout à fait saisissantes, parce que toute l’interprétation est concentrée dans les mains expertes de Benesch. Le talent cinématographique déployé à tous les niveaux élève Late Shift à des hauteurs admirables, car le film parvient non seulement à extraire la tension de sources naturelles (une journée au bloc opératoire), il reste aussi totalement engagé dans son entreprise de livrer une représentation aussi précise qu'urgente de questions sociales qu'on tient souvent pour des acquis.

Late Shift a été produit par Zodiac Pictures (Suisse), en coproduction avec MMC Zodiac (Allemagne) et la Radio Télévision suisse. Les ventes internationales du film ont été confiées à TrustNordisk.

(Traduit de l'anglais)


Galerie de photo 17/02/2025 : Berlinale 2025 - Late Shift

6 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Petra Volpe, Leonie Benesch, Judith Kaufmann
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - dario-caruso.fr, @studio.photo.dar, Dario Caruso

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy