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Ron Carter a été surnommé le « contrebassiste du XXème siècle » non seulement pour l'importance de son rôle dans l'histoire du jazz, lui qui fut la cheville ouvrière du groupe de Miles Davis à la grande époque, mais aussi pour le nombre de séances auxquelles il a participé, plus de 2000 selon ses dires et ceux qui ont tenté de suivre sa longue et riche carrière.Débuts freeNé dans une famille de musiciens le 4 mai 1937 à Ferndale (Michigan), Ronald Levin Carter commence par prendre des cours de violoncelle à l'âge de dix ans avant de s'orienter vers la contrebasse. Étudiant à la Eastman School de Detroit, il joue dans l'orchestre universitaire et en sort diplômé en 1959 avant de s'installer à New York où il s'inscrit à la Manhattan School of Music.
Avant de ressortir diplômé de la prestigieuse école en 1961, Ron Carter fait ses débuts au sein du quintette de Chico Hamilton avec le saxophoniste Eric Dolphy. Suite au départ du leader pour la Californie, il accompagne Eric Dolphy et Don Ellis, puis Randy Weston, Wes Montgomery et Thelonious Monk avant de rejoindre les groupes de Jaki Byard et de Cannonball Adderley, et le trio de Bobby Timmons. Le quintette magiqueRepéré par Miles Davis, Ron Carter est enrôlé dans son nouveau quintette aux côtés de George Coleman, Victor Feldman et Frank Butler, bientôt remplacés par Herbie Hancock et Tony Williams. La collaboration avec le maître de la trompette est fructueuse et marquera profondément le style du contrebassiste qui participe à la révolution hard bop de l'album Quiet Nights (1963) à Miles in the Sky (1968), en passant par les classiques du quintette : Seven Steps to Heaven, E.S.P., Miles Smiles, Sorcerer, Filles de Kilimanjaro et Nefertiti.
Cinq ans après sa rencontre avec le trompettiste, Ron Carter n'est plus le même musicien ni le même homme, et peut tutoyer les légendes du jazz lors d'innombrables séances, enregistrer en leader quelques albums marquants (Uptown Conversation) et jouer au sein des New York Jazz Septet, New York Jazz Quartet, New York Bass Choir et V.S.O.P formé par Herbie Hancock en 1976 avec ses anciens partenaires Wayne Shorter, Tony Williams et Freddie Hubbard. L'homme aux deux mille séancesToujours là au bon moment, Ron Carter participe à l'explosion du jazz fusion qui le voit collaborer aussi bien avec les tenants du genre que les stars Lena Horne, Hubert Laws, George Benson, McCoy Tyner et Lionel Hampton. Faiseur et défaiseur de groupes, il enregistre successivement pour les labels Embryo (Atlantic), CTI, Milestone, Wounded Bird et Concord pour le liveTelephone (1984) avec le guitariste Jim Hall. En 1986, on l'aperçoit dans le film Round Midnight.
Dans les années 1990, Ron Carter poursuit avec Emarcy (Duets avec la chanteuse Helen Merrill), Muse, Evidence et Timeless (Heart and Soul) avant de trouver refuge chez Blue Note pour les albums Meets Bach (1992), Friends (1993), Mr. Bow Tie (1995, du nom de l'un de ses classiques) et The Bass And I (1997). Après les épisodes Bach, le contrebassiste rend hommage à la bossa nova dans Orfeu (1998), les rythmes afro-cubains (When Skies Are Grey, 2000), Oscar Pettiford (Stardust, 2002) puis son ancien patron dans Dear Miles (2006). En 2011, il monte son premier big band pour célébrer Dizzy Gillespie et Duke Ellington dans Great Big Band.
La liste des collaborations de Ron Carter, si tant est qu'elle puisse être recensée, tiendrait dans un épais volume. Outre les exemples cités, on peut y ajouter les séances avec Hank Jones, Kenny Barron, Sonny Rollins, Chet Baker, Billy Cobham, Wynton Marsalis, Joachim Kuhn, Abbey Lincoln, Cedar Walton ou même MC Solaar, et plus récemment Lewis Nash et Mulgrew Miller.