- 1982 · 3 morceaux · 41 min
Concerto pour piano nº 5 en mi bémol majeur
Op. 73 · “Empereur”
Beethoven compose son ultime concerto, le Concerto pour piano n° 5, lors des premiers mois de 1809, peu avant que l’invasion de l’armée française de Napoléon ne vienne perturber la vie à Vienne. C’est sans doute pour cette raison que son surnom de L’Empereur, répandu dans les pays anglophones, aurait suscité la profonde désapprobation du compositeur, même si le terme évoque plus la noble grandeur de la musique plutôt qu’un quelconque lien avec Napoléon. La tonalité est en mi bémol majeur, identique à la majestueuse Eroica (1803-04). À l’instar du Quatrième Concerto pour piano, son ouverture est d’une originalité saisissante : des accords imposants mènent à trois reprises à des embellissements tels que des cadences, un peu comme si ces préludes étaient là pour permettre au piano solo de s’échauffer. La substance principale du premier mouvement, le plus long parmi tous les concertos pour piano de Beethoven, contient tellement d’ornements qu’une cadence traditionnelle complète paraît superflue. Le mouvement lent, joué dans la tonalité lointaine du si majeur, est empreint d’un doux lyrisme, avec une écriture pianistique plus fantaisiste. À la fin du mouvement, le soliste préempte le thème du finale dans un tempo lent, avant que le rondo final ne se lance sans interruption. Ce final endiablé est, comme tant d’autres dans ce concerto, articulé sur un simple bloc de construction thématique — dans ce cas, un arpège rythmiquement animé — alors que Beethoven nous entraîne dans une ingénieuse virée harmonique, loin de la tonalité principale et inversement.