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BLACK NIGHTS 2024 Compétition

Critique : The Exalted

par 

- Le deuxième long-métrage de Juris Kursietis s’ouvre sur une prémisse solide, mais peine à offrir davantage qu’une étude de personnage d’élégante facture

Critique : The Exalted
Johanna Wokalek dans The Exalted

Après un concert triomphal en Allemagne, la vie de la célèbre musicienne Anna (Johanna Wokalek) est mise sens dessus dessous. Alors qu’elle atterrit à Riga, son compagnon, Andris (Juris Žagars), directeur d'une société de coupe de bois contrôlée par l’État, est arrêté dans le cadre d’un scandale de corruption. Malgré cette nouvelle choquante, elle choisit de ne pas annuler sa fête d’anniversaire : des amis, connaissances et parents sont invités dans la luxueuse maison de campagne du couple pour festoyer et assister au dévoilement d’un orgue vieux de plusieurs siècles, méticuleusement restauré, à l’église du village.

Voici la prémisse du deuxième long-métrage de Juris Kursietis, The Exalted [+lire aussi :
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, qui a fait sa première en compétition internationale au Festival Black Nights de Tallinn. L’histoire s’ouvre sur une courte scène bucolique, idyllique, où Anna et Andris nagent dans l’eau froide, boivent du champagne et semblent apprécier ce moment passé ensemble.

Le réalisateur letton parvient ici à créer deux personnages principaux très intéressants : on sent que quelque chose n’est pas net dans les affaires d'Andris, et Anna est clairement partagée entre la confiance qu’elle veut lui faire et la nécessité de protéger sa carrière. Quand la nouvelle est annoncée publiquement, son concert en Lettonie est annulé.

De son côté, Andris se comporte comme un mari affectueux, mais évasif et trop plein d'assurance qui ne veut pas moucharder à l'encontre de ses partenaires d’affaires. Il est attaché à sa terre et à ses traditions, y compris la chasse.

La flamboyante galerie de personnages qu’on rencontre en chemin sont dans l’ensemble très bien caractérisés, même si certains sont à peine plus que des figurants (par exemple, un couple d’amis lettons qui viennent les voir) et qu'ils ont très peu d’impact sur le récit. On pense en particulier au curé (Egons Dombrovskis) et à la fille d'Andris, Elze (Gerda Embure), dont la présence ne semble servir qu'une longue scène où se déploie une conversation animée sur la religion et la tradition qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, presque comme si ces deux personnages faisaient office de petits McGuffins. De plus, les capacités limitées du prêtre en anglais rendent le personnage de Dombrovskis embarrassant, par moments, et difficile à comprendre (c’est probablement un choix délibéré, mais il n'en reste pas moins que quelque chose se perd dans la traduction).

D'autres personnages sont mieux dessinés, comme Gabrielle (l’agent d’Anna, incarnée par Judith Hofmann) et Yorgos (un journaliste de chez Gramophone joué par le Grec Yorgos Pirpassopoulos), dont la présence à l’écran est plus naturelle. Gabrielle, comme tout bon agent représentant des talents, se fait inévitablement du souci pour le tour que les choses prennent pour la carrière d’Anna, du fait du scandale impliquant Andris. Quant à Yorgos, venu interviewer Anna en vue des Prix Gramophone, il est comme un poisson hors de l'eau. Entouré de parfaits inconnus, il essaie de comprendre leurs motivations et la vérité derrière l’annulation soudaine du concert letton d’Anna.

La photographie de Bogumil Godfrejow est sans doute l’aspect esthétique le moins convaincant. Les images sont impeccables et plaisantes à regarder, mais la caméra à l’épaule intervient trop, et pas toujours de manière efficace, car elle fait baisser la tension au lieu d’en ajouter. Les autres éléments techniques (notamment le montage, la musique et les décors) sont habilement exécutés. 

Comme dans son film précédent, Oleg [+lire aussi :
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, ce nouveau film de Juris Kursietis a une prémisse captivante, mais peine à dépasser le statut d'étude de personnages finement composée. Le film fait plus accompli qu'Oleg, car la conclusion de l’arc narratif est plus intelligible dans The Exalted, même si ce n’est pas le dénouement le plus surprenant du monde et qu'il est transmis à travers une métaphore visuelle assez conventionnelle.

The Exalted a été produit par White Picture (Lettonie), Stellar Film (Estonie) et Asterisk*. (Grèce). Les ventes internationales du film sont gérées par la société française B-Rated.

(Traduit de l'anglais)

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